Christian
- le 31/10/2017
La mer est mon jardin
Les éditions Milan Jeunesse lancent deux nouvelles collections, « Petit Bonum » et « Grand Bonum ». La première est constituée de bandes dessinées sans parole pour les plus de quatre ans, la seconde de bandes dessinées plus bavardes pour les sept ans et plus. « Petit Bonum » vise à être présent sur un nouveau segment occupé principalement aujourd’hui par la collection « Puceron » de Dupuis après le succès des Petit Poilu.
Les parents ont, en effet, le souci d’initier les bambins à la lecture gauche droite haut bas (en attendant les mangas) qui ouvre l’accès à la bande dessinée et la lecture. Et les ex-poupons revendiquent leur droit à lire seul leurs grands livres au même titre que leurs frères et sœurs, la tête dans Titeuf. La segmentation BD entre en phase avec celle des chaînes télé. Les p’tits bonhommes vont avoir l’embarras du choix.
Pour les premiers ouvrages de la collection (Capitaine, Tatoo, Pierrot, Souris souris), Milan Jeunesse a fait appel à des auteurs confirmés. C’est notamment le cas pour le premier tome de la série Capitaine, scénarisée et illustrée par Henri Meunier. Illustrateur de contes, de livres scolaires, il a publié (en tant qu’auteur ou illustrateur) une quinzaine d’albums aux éditions du Rouergue et un peu moins d’une dizaine d’ouvrages chez d’autres éditeurs (Grasset Jeunesse, L’Atelier du Poisson Soluble,…).
Des rencontres choc
Sur son bateau à vapeur, Capitaine, le marin barbu sans peur, parcourt les mers en compagnie de sa fidèle mouette. Il y rencontre des requins, des pingouins, des esquimaux, des sirènes, des pieuvres géantes, des baleines et des tempêtes. À chaque aventure, sur une à trois pages, il réussit à éviter l’eau et sauver sa tête. Mais attention à la coque qui se fendille sur la banquise et aux trous de mer qu’il faut remplir avec ce qu’on a sous la main…
Un capitaine au pas très long cours
Le dessin d’Henri Meunier est dépouillé, naïf et coloré. Capitaine a une grosse tête de bébé et son bateau est calibré pour les tempêtes de baignoire. De quoi ne pas secouer les tout petits. Les fossés ou les trous dans la mer ne les troublent pas outre-mesure. Les enfants de trois-quatre ans ont parfois un peu de mal à saisir certaines subtilités (la coque du bateau qui se brise, le petit poisson transformé en grand comme par magie, les renversements de bateau), mais avec un adulte à côté, ils arrivent à décrypter.
Contrairement aux formats « Puceron », la BD n’est pas continue. Les histoires un peu trop courtes. Quand le livre est lu d’une traite, les enfants ont tendance à faire un lien entre les histoires (qui n’existe pas forcément). Pratique quand on a peu de temps et qu’on ne peut lire que deux ou trois histoires. Moins pratique si on s’installe pour une lecture plus longue. Sur quatre pages intermédiaires, les petits jeux (différences, cheminements, associations, coloriages) font quand même durer le plaisir.
Vis-à-vis des héros du même public, il manque au personnage, marin impersonnel auquel les petites filles ont un peu de mal à s’identifier, une personnalité attachante. Trop adulte peut-être. Agréable à lire et à regarder tout de même. Et puis il y a ces fameux trous de mer…