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Photo de New Byzance 2 - Résistances

New Byzance 2 - Résistances

Eric Corbeyran (Scénariste), Eric Chabbert (Dessinateur), Luca Malisan (Coloriste), Paolo Francescutto (Coloriste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 04/03/09  -  BD
ISBN : 9782723464222
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Laurent Lavadou   - le 31/10/2017

New Byzance 2 - Résistances

Voilà qui est fait, la série Uchronie[s] trouve son rythme de croisière : chaque série est maintenant initiée et Résistances constitue le second tome de New Byzance. Comment Corbeyran, illustre scénariste (Le Décalogue chez Glénat, Le Chant des Stryges chez Delcourt) va-t-il maintenir le cap, le rythme et l’enthousiasme ? Résistances tient bon la barre et le duo avec Chabbert procure toujours autant de plaisir pour les yeux et pour l’imagination.
Rappelons que New Byzance, en crucifiant le capitalisme moderne, serait presque une destination très « tendance », par les temps qui courent…

La tension monte…

Résistances est le second tome de la réalité de New Byzance (tome 1, Ruines). Dans ce volet, Zack Kozinski est un ancien policier prescient à la solde du pouvoir totalitaire de l’Utopie Fondamentaliste post-capitaliste. Après avoir rencontré Tia, une intrigante de New Byzance et découvert grâce à elle les mensonges du système auquel il s’était dévoué, Zack se retrouve hors-la-loi et pourchassé par ses pairs en compagnie d’Emily. Dans ce second opus, on retrouve les deux fugitifs au-delà des frontières de la ville. Ils découvrent des ruines mystérieusement anachroniques, clandestinement habitées par les opposants au régime. Leur leader, Andy Miller, un ancien neurobiologiste, leur dévoile les arcanes des réalités multiples et des projets surréalistes des fondamentalistes. Il leur propose de rejoindre leurs rangs et leur confie comme première mission d’espionner les grands pontes de New Byzance. Mais Zack et Emily vont éprouver chacun leur tour la perfidie et la corruption du monde dont ils viennent et des amis qu’ils y comptaient.

… et le piège se referme

On y est ! Corbeyran, après avoir patiemment tissé sa toile, commence à resserrer les nœuds coulants. Les stratégies se précisent mais il ne lève que partiellement le voile (Résistances offre quelques belles révélations).
Il exploite avec subtilité les luttes de pouvoir qui pourrissent les fondamentalistes comme les opposants à la Foi.
Le rythme de l’album apparaît moins soutenu que celui du premier tome. En cause, des dialogues denses qui s’efforcent, à juste titre, de dénouer la tension et les mystères entretenus jusque-là. Un brin allongés pour certains, plus explicites et argumentés pour les autres, c’est le prix à payer pour donner de l’ampleur à l’intrigue. Corbeyran nous sert des dialogues rythmés, cohérents et lettrés, que l’on dévore sans retenue.
Malgré cette prise de risque que constitue le ralentissement scénaristique, Résistances conserve une dynamique savoureuse et réserve une chute qui résonne à l’échelle des deux autres réalités d'Uchronie[s]

À la batterie, Corbeyran...

Comme dans Renaissance, les lecteurs assidus navigueront avec amusement parmi les nombreux renvois ou analogies entre ce nouvel album et les précédents : à l’image de leur ville, certains personnages piliers de l’intrigue apparaissent dans tous les albums, pour certains sous des identités et dans des rôles différents. Un jeu complexe et gourmand en détails.
Et à ce jeu, les plus perspicaces et physionomistes pourraient même anticiper la chute de ce second tome…
Comme dans tous les albums du cycle, on retrouve également cette scène « culte » de l’homme abattu en pleine rue par les forces de l’ordre. De façon presque obsessionnelle (un emprunt cinématographique qui passe bien), l’histoire de Corbeyran semble butter sur cet épisode comme un disque rayé sur un couplet inachevé…

... à la guitare, Chabbert !

La ville de New Byzance est un rêve d’artiste. On retrouve avec plaisir les dessins de Chabbert qui conservent leur densité et offrent une générosité de détails et de profondeur jusque-là inégalées dans le cycle.
Les scènes d’intérieur et les personnages de New Byzance apparaissent moins mats et plus vivants que dans les deux autres mégapoles, grâce à des effets d’aérographes vibrants et bien dosés. Étonnament dépourvus de froideur informatique, ils contribuent à donner plus de volume et de chaleur aux visages. Les scènes urbaines et les architectures sont toujours aussi fouillées et étourdissantes (mais dans des cases plus rares) et gardent les luminosités déjà remarquables dans le premier tome.
Les ambiances de Résistances sont plus confinées et oppressantes que dans Ruines. C’est notamment au milieu de l’album que les couleurs chamarrées et les lumières propres au tome 1 laissent la place aux gris bleu et vert. Un huis clos et une esthétique à l’image du propos de l’album : plonger dans les coulisses sombres et torturées de la ville-monde.

La ville éprouvette

Côté scénario, Résistances s’emploie, comme le tome 1, à décortiquer les deux systèmes qui se combattent : politique, trahisons, conflits d’intérêt… New Byzance est un laboratoire où Corbeyran exacerbe les penchants humains de nos civilisations pour creuser davantage ce que pourraient abriter nos villes futures.
Où est le bien, où est le mal, la question ne se pose pas et c’est tant mieux !

La course continue

Dans Résistances, la vaste intrigue marathon de Corbeyran semble trouver son second souffle. Voici un album de plus qui nous amène à refeuilleter les précédents pour détecter les détails, les pierres angulaires d’une intrigue qui s’épaissit sans devenir opaque. Ce tome, qui pose et éclaircit les motivations des uns et des autres, nous promet un troisième opus très certainement époustouflant : l’accalmie avant l’orage…
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