Joachin Dorfman est un auteur trentenaire qui n’a pas peur de l’image. En témoigne
son site internet où il exhibe avec humour son physique de jeune premier. Il vit à Durham, en Caroline du nord.
À part ça, il écrit. Comme son père, l’auteur et dramaturge d’origine chilienne, Ariel Dorfman avec qui il co-signe
The Burning City, publié sous le titre
Manhattan macadam par les éditions Milan.
C’est aussi chez Milan, dans la collection Macadam que paraissent les romans jeunesse de Joaquin Dorfman, seul cette fois :T
rop parfait pour être honnête ( en Anglais :
Playing it Cool) en 2006 et
Demain ne vient jamais (
Kelly McDermott and the long wait for tomorrow) en 2009. Nous avons testé ce dernier titre pour les internautes d'ActuSF.
Un nouveau Kyle
Lorsque Kyle McDermott se réveille ce matin-là, son ami Patrick a du mal à le reconnaître. Où est passée la star si arrogante de l’équipe de foot de la Wellspring Academy ? D’où lui viennent sa maturité soudaine, son penchant pour l’alcool et son besoin de ce café qu’il déteste habituellement? Kyle n’est plus le même et s’émerveille de tout ce qu’il voit. Il semble perdu dans sa propre vie et oublie même de s’habiller pour sortir dans la rue.
C’est qu’il revient du futur, explique-t-il à Patrick, qui décide de ne plus le quitter d’une semelle, histoire de le protéger.
Si Jenna, la petite amie de Kyle se réjouit de sa transformation, les membres de l’équipe de foot n’apprécient guère le nouveau capitaine, peu attiré par la compétition et les activités de groupe. Kyle semble même avoir oublié le détail de ses propres méfaits. Lorsqu’il entreprend de réparer le mal qu’il a pu faire autour de lui, rien ne va plus.
Peut-on changer ? Le changement constitue une thématique assez bien exploitée, qui peut intéresser en particulier le public adolescent visé par le roman. On y voit se déployer des comportements de bandes et on perçoit leur rôle dans l’intégration ou la mise à l’écart des individus.
Rien n’est stable. À partir du moment où Kyle ne réalise plus les attentes de son équipe, il n’est pas plus intéressant que le boutonneux de service. À l’inverse, ce dernier peut-il vraiment passer du camp des souffre-douleur à celui des bons copains ? Le changement est-il possible ? Est-il seulement autorisé ?
Peut-on modifier le passé ?
Kyle prétend avoir quarante ans dans son corps d’adolescent. Dans le futur, il dit être enfermé dans un asile psychiatrique d'où il pense n’être revenu que pour modifier le passé et éviter à ses amis un terrible drame. Il n’a à sa disposition qu’un jour, explique-t-il, et qui doit durer le plus longtemps possible. Aussi boit-il café sur café et court-il à droite et à gauche pour modifier le cours des événements.
Cependant, à chaque tentative, il se rend compte qu’il n’a guère de succès. Kyle est partiellement aveugle sur sa propre vie et ces détails qu’il ignore, vont lui compliquer la tâche. Parviendra-t-il à refaire son passé ?
La morale de cette histoire
Ce récit, foisonnant d’action est de ceux dont on n’attend aucune prise de position morale. Suffisent les questionnements sur les choix et leurs conséquences, la maladie mentale et son approche, les liens entre adolescents, leurs rapports aux adultes. Hélas, vient se glisser dans la richesse de l’histoire un élément digne des contes de fées. Une récompense pour des gentils malgré eux et une punition pour un méchant involontaire, qui viennent griffer, sans le gâcher tout à fait, le tableau moral de l’histoire.
On retiendra donc plus volontiers les étranges péripéties de l’aventure de Kyle McDermott que la pseudo-happy-end, tout à fait dispensable, à notre avis.