stephaneg
- le 31/10/2017
Journal d'un ange
Pierre Corbucci est né en 1973. Enseignant de son état, il écrit par passion. Journal d'un ange est son premier roman, paru en 2003 dans la collection Série noire de Gallimard. C'est maintenant chez Folio SF que ce roman policier fantastique est réédité.
Quand les anges disparaissent, la sérénité céleste aussi
Plusieurs anges ont disparu. Eriel, inquisiteur, est chargé de l'enquête. Il ne va pas être une mince affaire que de retrouver les disparus car le Paradis n'est pas un lieu angélique comme on peut le croire. Entre les différents services administratifs qui se mettent des bâtons dans les roues, les difficultés financières du Paradis et le fait que c'est la période de la Coupe du Monde de football, il n'y a que d'occasions de s'emmêler les pinceaux pour l'enquêteur...
Une enquête originale de par son décor
Journal d'un ange est un roman plutôt court, d'un petit peu plus de deux cents pages, qui se lit rapidement. Mais ce n'est pas qu'à cause de sa taille que le lecteur dévore le livre. Récit policier original, il vous attrappe par son décor et ses personnages, par l'élégance de l'écriture fluide de Pierre Corbucci et grâce à une enquête menée bon train malgré moult désagréments.
Logiquement, le personnage principal du livre est un ange, en l'occurrence un ange policier, ici appelé inquisiteur. Nous lisons son journal – d'où le titre du roman –, dans lequel il raconte l'enquête insolite qu'il a menée dans le but de retrouver des anges disparus, phénomène qui n'est pas catholique.
L'enquête en elle-même n'est pas d'un intérêt extravagant. Corbucci entraîne son personnage d'un indice à un autre jusqu'à ce qu'il découvre le pot aux roses. En fait, on est bien plus fasciné par le décor, car le Paradis n'est pas ce qu'on s'imagine : c'est un espace où anges et mortels – morts – vivent, mêlés, une vie somme toute peu différente de celle sur Terre. Le Ciel est une énorme machine bureaucratique qui permet de gérer les flux d'âmes comme une banque gère des actions, avec des affaires Kerviel de temps en temps car une guerre économique sans merci se joue contre les Enfers et ses démons banquiers, avocats et traders.
Le personnage principal est également intéressant. Car les anges n'ont n'y personnalité, ni sens de la logique, ni sens de l'humour et encore moins de mémoire. D'ailleurs, Corbucci ne réussit pas tout à fait à respecter ces règles, agrémentant ses personnages angéliques de traits de caractères bien humains pour satisfaire aux exigences romanesques pour permettre un minimum d'identification.
Corbucci insuffle donc de la vie dans son récit au travers d'un personnage atypique évoluant dans un univers divin, mais pas seulement. Une bonne enquête n'est pas une enquête sans accroc. Eriel se buttera, malgré ses protestations, à une hiérarchie obtuse ; il n'essuiera pas de coups de feu, mais il se fera tout de même distribuer quelques pains ; et il découvrira de quoi ne plus être tout à fait saint d'esprit.
Sans parler des apparitions en guest stars de Jésus, Moïse et de la Coupe du Monde de football, avec en prime un ou deux, voire trois démons majeurs, mais zéro Cupidon. Corbucci réussit à tirer des sourires au lecteur en plus de le divertir allègrement.
Journal d'un ange est donc un roman policier fantastique original, qui satisfera pleinement le lecteur peu exigeant, surtout intéressé par un moment de divertissement amusant.