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Les Faiseurs d'aurore

Luc Brahy (Dessinateur), Achille Braquelaire (Scénariste), Bérengère Marcquebreucq (Coloriste), Eric Corbeyran (Scénariste)
Aux éditions : 
Date de parution : 31/05/09  -  BD
ISBN : 9782505005780
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Christian   - le 31/10/2017

Les Faiseurs d'aurore

Double cuvée 2009 pour Climax ! En 2008, les numéros 1 et 2 avaient été publiés avec trois mois d'écart. En 2009, les albums 3 et 4sont publiés le même mois. Histoire de ne pas faire languir le lecteur avant les rigueurs de l'hiver. On quitte désormais l'Antarctique, mais on conserve la fraîcheur de la glace boréale et ses superbes aurores.

Si le premier album de la série était plutôt centré sur Léia, la jeune informaticienne dynamique aux muscles bien fermes, le deuxième faisait plutôt la part belle à Loïc, le physicien géologue expert en création de lasers d'analyse de la Terre. Dans ce troisième ouvrage, c'est Harald, le patron de l'agence Imago Mundi, qui occupe le devant de la scène. La série environnementale en avait bien besoin car les accusations portées par Loïc et les soupçons du lecteur sur les manigances du boss contre sa propre agence étaient à peine rachetées par la confiance de Léia. Cette fois, Harald s'explique et tout va rentrer dans l'ordre. Pour une salutaire réconciliation.

La collaboration de deux scénaristes complémentaires, Eric Corbeyran et Achille Braquelaire avec le dessinateur Luc Brahy et la coloriste Bérengère Marquebreucq, porte de beaux fruits foisonnants. Deux récoltes par an. Et si on part sur la lancée de la série précédente, Imago Mundi, c'est une dizaine d'albums qui nous attendent. Pas mal pour deux séries qui sont nées de la rencontre peu probable des deux scénaristes lors d'un colloque scientifique sur l'art et la science.

Qu'est-ce qui fait courir Harald ?


Désormais, l'ex-baroudeur Harald ne tient plus (et pas que sur ses jambes). Il veut savoir qui cherche à déstabiliser l'agence Imago Mundi. Entre retards de paiement, enquêtes administratives et vexations technologiques, le vieil ours se rebiffe. Il en va du sort de la planète.

Privé de ses membres inférieurs depuis un accident d'hélicoptère, Harald joue les hommes bioniques. Des jambes à haute teneur en technologies vont lui permettre d'avancer et de revivre des aventures périlleuses dans le grand Nord canadien. C'est là qu'on a voulu interdire les prospections laser de l'agence. C'est là que se trouve la clé de l'intrigue internationale. Qui veut la peau de l'ours ? Un consortium pétrolier ? Un lobby politico-économique ? Un service secret ? Un groupuscule militaire ? Et quel est le lien entre l'escapade canadienne d'Harald et les aventures polaires de Loïc et Léia ?

Heureusement, les Indiens peuvent suivre les coupables à la traces. Dans le ciel.

Un graphisme au climax


Pas facile de comprendre ce troisième album si on n'a pas lu les précédents (au moins ceux de Climax). Pourtant les scénaristes usent de trésors narratifs pour traduire Harald de A à H. Ses démêlés avec les clients d'Imago Mundi, son passé de baroudeur, son conflit avec Loïc, ses détracteurs, ses investissements médicaux, ses origines indiennes, ses problèmes orthopédiques, ses révélations métaphysiques. C'est que l'image et le monde d'Imago Mundi sont en jeu. Harald Haarfager se démène pour se défendre et sauver l'agence. Ce faisant, il attaque ceux qui privilégient l'intérêt personnel contre l'intérêt collectif, l'intérêt à court terme contre l'intérêt à long terme. Un combat très moral, au bout du compte.

Cette fois, les références aux albums précédents et aux origines de la brouille interne prend une dimension moins allusive. On avait noté dans le second tome une reprise des scènes et des dialogues du premier album dans les locaux paradisiaques de l'agence. La référence est amplifiée et donne un curieux effet de style narratif. Comme si la série s'évertuait, au fil des trois albums, à décortiquer de plus en plus finement la même scène. Un enrichissement didactique qui confine à la répétition. Changement d'angle de vue. Dialogue complété. La séquence devient, en quelques sortes, un point fixe de la série. Est-ce que le quatrième album renforcera l'effet ? Une innovation graphique et narrative déjà mise au service des séries télévisées mais rarement utilisée dans une bande dessinée.

Tandis que le scénario se replie sur l'un des personnages, la palette graphique de l'album gagne en diversité de couleurs et en homogénéité de style. Finies les dissonances entre les grands espaces impressionnistes glacés, traités en tâches de bleu, de blanc et de noir, et la prédominance du dessin bien détaché dans les scènes d'intérieur. Le graphisme est plus homogène, plus équilibré, les couleurs sont moins sombres, plus aérées. Mention spéciale aux pages de la biographie aventurière d'Harald, bellement contrastées sur le plan des couleurs. C'est le cas également des scènes indiennes qui mettent en opposition le feu intérieur des tipis et des âmes et le bleu obscur des forêts glacées. Des trois albums de la série, celui-ci est le plus beau à effleurer du regard.

Une série qui se complexifie narrativement et qui se bonifie graphiquement. Un bon résultat. À lire au chaud derrière la couverture.

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