Fergus, détective publicitaire

Fergus, détective publicitaire

Diego Agrimbau a été publicitaire pendant six ans avant de devenir scénariste de bandes dessinées en 2003. Avec Fergus, détective publicitaire, il n'est donc pas à son coup d'essai, d'autant plus que La Bulle de Bertold et La Grande Toile, réalisées avec Gabriel Ippóliti, ont eu un certain succès critique.
Leonardo Pietro, pour sa part, est un artiste né. Apprenant d'abord le dessin, il sera marionnettiste pendant plusieurs années avant de se tourner vers la BD. Il est rapidement reconnu en Argentine et aux États-Unis. En travaillant avec Agrimbau, il aborde les marchés italien et français.

À la recherche d'un homme-logo

Promonthia est une ville régie par la publicité et le marketing. Marcel Garand est le premier homme-logo, transformé pour avoir une tête cubique et représenter la société D-Cube Software. Mais il a disparu. Fergus, détective privé à la manque et ancien ami de Marcel, est chargé de retrouver ce dernier. Mais en mettant la main sur l'homme-cube, il va découvrir le sinistre complot publicitaire fomenté par D-Cube...

Une bonne idée partiellement exploitée

L'idée de base de Fergus est celle du spam réel : ce ne sont plus seulement les ordinateurs qui sont « spamés », mais les individus eux-mêmes, devenant des supports publicitaires malgré eux. Cela n'est possible que dans Promonthia, ville où tout est publicité et marketing.
Dans ce décor particulier et inventif, nous suivons l'enquête de Fergus, détective privé assez peu futé, en instance de divorce d'une activiste anti-pub, qui s'attire beaucoup d'ennuis. Or, en acceptant de retrouver Marcel Garand, le premier homme-logo, il va plonger dans les eaux troubles du spam réel...

Avec ses personnages atypiques, notamment Marcel au physique surréaliste et à la malchance chronique, et son décor de ville criblée de supports publicitaires, Fergus se révèle une bande dessinée fort sympathique. Les dessins de Pietro sont superbes, l'humour est fortement présent avec le look disco des personnages, les effets aléatoires des spams réels et l'association Ad-Buse qui combat la publicité par... la publicité.
Malheureusement, on ne peut pas trouver à cette BD d'autres qualités. Le scénario, qui finalement ne mène nulle part, manque de rythme – notamment à cause des dessins qui n'insufflent pas de mouvement – et n'exploite pas pleinement les possibilités de l'idée du spam réel.

Agrimbau et Pietro semblent disposer d'un véritable talent mais qui n'est peut-être pas pleinement développé dans Fergus. Cette bande dessinée, qui laisse sur sa faim, est de qualité globale moyenne.