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Rollback

Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 21/09/09  -  Livre
ISBN : 9782221112335
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chloe   - le 31/10/2017

Rollback

Robert J. Sawyer est un auteur de science-fiction canadien reconnu internationalement. Il a publié une vingtaine de romans, enseigne l’écriture de science-fiction dans les universités, et a contribué par son succès à faire reconnaître le genre au Canada. Il a également participé à l’adaptation télévisée de sa propre série romanesque, Flash Forward, pour la chaîne ABC.

Il a déjà été récompensé par le Prix Nebula en 1995 pour son roman The Terminal Experiment, par le prix Hugo en 2003 pour Hominids (le premier volume de sa trilogie Neanderthal Parallax), et par le Prix John W. Campbell Memorial en 2006 avec Mindscan.

Rollback a quant à lui été nominé pour le Prix Hugo 2008.

Une course aux étoiles et à la jeunesse

Dimanche 2 février 2048, Toronto (Canada) : Sarah Halifax, astronome au SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence) et son mari Donald, ingénieur du son à la CBC (Canadian Broadcasting Corporation), tous deux âgés de 87 ans, fêtent en famille leur soixantième anniversaire de mariage. C’est alors qu’ils reçoivent un coup de fil qui va bousculer leur destinée : Sarah est prévenue de la réception d’un message radio en provenance d’une planète en orbite autour de l’étoile Sigma Draconis, située à 18 années-lumière de la Terre.
Une première transmission des Dracons (ainsi baptisés du nom de leur étoile) avait été décryptée en 2009 par Sarah Halifax, qui avait permis aux Terriens d’envoyer une réponse, espérant établir le contact. Près de quarante ans plus tard, cette communication tant attendue est enfin captée par le SETI. Mais ce second message est incompréhensible : il manque en effet la clef de déchiffrage qui pourrait permettre de le lire.
Sarah est immédiatement contactée par Cody McGavin, richissime mécène du SETI et fondateur de McGavin Robotics, un passionné d’astronomie, de science-fiction et de voyages dans l’espace. Ce dernier lui fait une proposition incroyable : la faire bénéficier du traitement de rajeunissement que seuls quelques milliardaires de par le monde peuvent s’offrir, le rollback, qui ramènera son corps à un âge physique de 25 ans. En échange, Sarah devra consacrer son temps à déchiffrer ce nouveau message des extraterrestres, et devenir leur interlocutrice privilégiée.
Elle accepte, à condition que son mari Don puisse également profiter du même traitement. Mais si le rollback fonctionne à merveille sur ce dernier, ce n’est pas le cas pour Sarah. Alors que son époux redevient un fringant jeune homme, et qu’elle-même reste une vieille dame octogénaire, elle s’efforce tout de même de découvrir la signification du dernier message des Dracons.

Deux scénarios en un

Robert J. Sawyer mêle ici deux thèmes fondamentaux de la science-fiction : le désir de la vie éternelle et la rencontre avec une forme de vie extraterrestre. Une troisième question majeure est également abordée, celle des robots, mais de façon très succincte, en arrière-plan.
Si la problématique du rollback, son processus et ses effets sont adroitement cernés, la thématique de la civilisation extraterrestre est quant à elle moins bien exploitée, et reste peu convaincante, amenant ainsi à une narration quelque peu bancale.

Renaissance

Le principe du rollback permet à un corps physique de retrouver sa première jeunesse, mais ce n’est pas un retour en arrière au sens strict, puisque l’esprit reste le même, et conserve tous ses souvenirs. Il s’agit d’une thérapie génique qui permet de réaliser une réfection de tous les organes au complet (« ça lui faisait penser aux listes de commissions que le Dr Frankenstein confiait à Igor »), de réparer les outrages du temps. Mais une fois cette intervention menée à son terme, la personne traitée recommence à vieillir normalement. C’est donc bien une seconde vie qui lui est offerte, et non pas réellement une jeunesse éternelle, à moins de renouveler le processus.
Le fait de redonner un nouveau souffle à une vie qui était en train de s’éteindre est habilement mis en mots par l’auteur, qui décrit les diminutions physiques provoquées par la vieillesse, l’impuissance de l’esprit qui reste jeune tandis que le corps vieillit. La situation émouvante des personnages, qui après soixante ans de vie commune se retrouvent séparés de façon irrémédiable, accentue encore le contraste. On peut suivre Don dans son parcours pour se réapproprier son nouveau corps, les difficultés qu’il rencontre pour se réadapter à un monde qui a changé, qu’il ne reconnaît plus et auquel il n’appartient plus, sans oublier la culpabilité qui le ronge pour avoir pu bénéficier de ce traitement, seul élu parmi quelques privilégiés (« Tout a un prix, se dit-il, même si on ne peut pas le voir. »).
Cette transformation touchante s’accompagne d’une réflexion plus générale sur la responsabilité intergénérationnelle, et sur la difficulté pour l’espèce humaine de se projeter sur de grandes échelles temporelles dépassant largement l’espérance de vie d’un seul individu.
Même si le concept du « transhumanisme » est évoqué (« Vivez suffisamment longtemps pour pouvoir vivre éternellement »), on regrettera cependant le manque de développement sur les conséquences au long terme qu’entraînerait la généralisation d’un tel processus de rajeunissement.

Des extraterrestres trop humains

La partie du roman consacrée à la civilisation extraterrestre laisse en revanche beaucoup plus à désirer. En effet, la représentation des extraterrestres semble trop proche de celle des humains au niveau psychologique, et se montre peut-être caricaturale physiquement parlant. Même s’il est possible qu’une hypothétique forme de vie partage certaines similitudes avec la nôtre, l’analogie apparait ici  exagérément marquée.
« […] Toute espèce intelligente doit nécessairement aborder ces questions à un moment ou à un autre […] » : pourquoi des extraterrestres devraient-ils obligatoirement vivre un développement presque identique au nôtre, et se trouver confrontés aux mêmes questionnements moraux et philosophiques ?
« En fait, je te parie qu’ils auront bien à faire face au même genre de questions que nous, parce que les progrès de la science mènent toujours aux mêmes dilemmes moraux. » : pourquoi pas, dans une certaine mesure, problématique que Iain M. Banks a très bien soulevée et développée à travers son cycle de la Culture. Mais de là à imaginer, chez cette civilisation extraterrestre, un raisonnement parfaitement identique à celui de nos leçons de philosophie et de psychologie, et sur des exemples très terriens…
Robert J. Sawyer fait dire à ses personnages que les Dracons souhaitent vérifier le degré d’« ethnocentrisme » de l’espèce humaine. C’est du reste ce qu’on pourrait lui reprocher dans sa vision de cette civilisation extraterrestre, trop « humaine » pour venir d’une autre planète que la nôtre. De plus, la fin du roman propose une vision farfelue et très peu crédible, presque guimauve, tel l’épilogue d’une série télévisée familiale.

Un récit inégal

Robert J. Sawyer s’est essayé à écrire deux livres en un, mais cette double trame ne fonctionne pas véritablement. Il aurait été plus appréciable que l’ouvrage ne traite que du processus de rajeunissement et des difficultés qu’entraîne ce dernier, en développant ainsi plus avant ce sujet, et en laissant de côté le récit sur les signaux extraterrestres, qui fait pour sa part figure de scénario de série B. Rollback est donc un texte assez inégal, mais à la lecture agréable, et qui soulève quelques pistes de réflexion intéressantes.

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