Chêne
Premier tir d'un jeune dessinateur Lavallois issu des Gobelins, Powa est un projet jeunesse pas si jeunesse que ça, mais pas tout à fait adulte non plus. Soit pile poil le public visé.
Nathan est un lycéen comme les autres, ou plutôt un peu moins comme les autres, ce qui lui cause pas mal de tracas. Rien de plus extraordinaire que ce que vit le commun des adolescents de son âge, cependant. Jusqu'au jour où une authentique fée lui propose d'exaucer ses vœux... Et bien entendu, les choses ne se passent pas exactement telles qu'il les aurait prévues...
Un OVNI de la BD jeunesse
Il est assez malaisé de dire avec certitude si ce qui confère à Powa son originalité est un atout ou un handicap. De façon assez évidente, cette BD a été créée à destination du public représenté par ses personnages : les adolescents. Le héros, Nathan, est en seconde, et il a des problèmes d'adolescents de seconde. Ce qui s'avère parfois fort drôle, surtout pour ceux qui n'étaient pas du bon côté de l'adolescence comme le héros. Ce qui s'avère aussi parfois un peu agaçant. Parce que la naïveté de certaines cases n'apporte pas grand chose à l'histoire, et parce que certaines situations relèvent un peu du cliché de teenage movie. Un traitement justifié sans doute par une vague métaphore du changement lié à cette période de la vie... Qui expliquerait peut-être aussi, au passage, pourquoi diable cette fée ne porte rien d'autre qu'une petite culotte. Et je m'abstiendrai d'extrapoler l'interprétation psychanalytique des cornes de cerf.
Le rêve de tous les ados
Enfin, voler est à peu près le rêve de tout le monde. Mais qui n'a pas supplié Dieu, Taranis ou les korrigans de lui donner des ailes pour quitter cette maison remplie de parents et ce lycée rempli de professeurs ? On reste donc dans l'application pratique de la métaphore suscitée. Rien de bien fantastique dans le pouvoir (le « powa » ?) prêté à Nathan. Mais si on ne peut pas dire que le récit rue dans les brancards de la féérie jeunesse, que l'on se rassure néanmoins : Ben Fiquet, à défaut de briller par ses dons scénaristiques, se révèle un dessinateur talentueux. On ne le dit jamais trop souvent, less is more : pourtant, peut-être que Powa aurait mérité un tout petit peu plus de more pour fonctionner à la hauteur des espoirs placés par Delcourt dans ce jeune auteur.
Espérons donc, comme pour ce pauvre Nathan abandonné à une situation bien périlleuse à la fin de cet opus, que Fiquet saura se rattraper...