BD
Photo de Le Peuple fou

Le Peuple fou

Stéphane Créty (Dessinateur), Sylvain Cordurié (Scénariste), Simon Champelovier (Coloriste)
Aux éditions : 
Date de parution : 05/05/10  -  BD
ISBN : 9782256018744
Commenter
Christian   - le 27/09/2018

Le Peuple fou

La parution du premier tome de la série des Fléaux d’Enharma avait été une très bonne surprise. De l’heroic fantasy musclée et puissamment illustrée. Des têtes d’affreux, des torgnoles, des spectres, de la magie approximative, un soupçon d’érotisme. Un souffle épique de l’ampleur du Seigneur des Anneaux, en plus sombre et plus cynique. Après leur collaboration SF (Acriborea) et fantastique (Salem la noire), le duo d’auteurs se lance avec réussite dans un jeu de rôle au pays des liches.

L’intrigue du Terreau des braves était touffue : grâce au général Aracelis, l’armée de l’Anspech défait les Tarns et aurait défait la terrible liche, sans la trahison de Rusin. Son armée décimée, la reine Ilge, flanquée de son sorcier Grimillion et du brave Kulik , décide de recruter une bande de mercenaires et quatre tueurs mythiques, les fléaux d’Enharma : un sorcier, une brute, un combattant émérite et une agile mutante. Recrutés par la riche Calebria, qui s’empresse de les trahir, ils parviennent à fuir grâce au mage Grimillion. En butte avec la liche, le grand sorcier parvient, avant de mourir, à ressusciter le général Aracelis, devenant lui-même une simili-liche, et à projeter les fléaux d’Enharma dans le territoire de Sirfall. Ce qui doit leur permettre de trouver le moyen de vaincre la liche, le vrai fléau de l’Anspech.

En territoire dévasté

Dans la forêt de Sirfall, autrefois giboyeuse et désormais maudite, c’est en féline que Fanne, qui a le pouvoir de se transformer en ceux qu’elle dévore, attaque un cerf pour le compte des fléaux d’Enharma. Tandis qu’Aracelis, le revenant-liche, tente de mettre fin à ses jours, le petit groupe traverse le territoire dévasté par la liche-dragon. Dans les ruines d’un temple, ils sont attaqués par une bande d’hommes-kangourous. Après leur fuite, les fléaux essaient de faire parler un des agresseurs capturés qui les conduit au repaire des créatures indigènes.

Au même moment, dans la ville de Numante, des fumées s’élèvent du palais de Calebria, la garde suspecte une vengeance de la part de son concurrent Tracifelde. Une nouvelle équipe de tueurs a dévasté le palais et extorqué à Calebria de dernières informations sur les fléaux d’Enharma, qui semblent désormais pris en chasse.

Un scénario qui se complexifie

La couverture est un bel instantané de la puissance du dessin de Créty. Combats, mouvements, scènes de bataille, décors mythiques. La mobilité des cases sur les pages, les contre-plongées assassines, les débauches de couleurs en dominante chair, orange ou bleu, la force des créatures monstrueuses (liges, baleines),  dynamisent un dessin qui est, par ailleurs, d’une grande qualité. Pour les personnages, Créty a choisi des gueules. Les héros ne sont pas beaux. Même les plus belles filles, typées, ont de petits défauts sur le visage. L’ironie est toujours présente, y compris dans le dessin.

Ces choix sont en phase avec le scénario. Les personnages sont là pour se battre, pas pour s’amuser ou batifoler. Ils sont tous centrés sur leur quête. Pas de profondeur psychologique, peu de faiblesse et rien n’est fait pour les rendre attachants. On se demande ce qui lie les quatre fléaux entre eux, tant ils paraissent individualistes et peu enclins à développer des relations amicales. C’est ce qui manque à la série pour devenir un classique BD du genre. Et ce d’autant plus que dans le second tome, le scénario commence à se diluer un peu. Les héros changent de lieu pour trouver une solution à leur lutte contre la liche, sans que la raison en soit clairement donnée. On perd de vue le véritable objectif des fléaux d’Enharma. L’introduction d’un groupe anti-fléaux ajoute une complexité superflue à l’intrigue et la lisibilité de cet album est moins grande que celle du premier, qui était déjà alambiqué. Au lieu d’ajouts à la trame du scénario, on aurait préféré de subtils rappels, qui auraient consolidé la personnalité des personnages et facilité la compréhension du lecteur. En dépit du résumé introductif, la relecture du premier tome est, du reste, recommandée.

Un beau livre, de belles illustrations, de belles couleurs, un scénario intéressant, mais dur, froid, sans intimité et sans chaleur humaine. Un tome de transition qui devrait déboucher sur un meilleur troisième album.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?