Le grand livre du dessin Fantasy

Le grand livre du dessin Fantasy

Après Dessine les dragons (2007), Dessine les guerriers (2008), Dessine les créatures fantasy (2008), Follenn  nous gratifie chez Fleurus d'un "Grand Livre du dessin Fantasy", une compilation au format légèrement plus large. Sur plus de cent quarante pages, l’album  reprend pratiquement toutes les illustrations précédentes, avec une couverture plus souple et plus élégante. Le tout pour la moitié du prix des trois ouvrages précédents. 
 
L'introduction sur l'ABC de la couleur ne fait pas directement écho au "Peindre les dragons" de Follenn paru l'année dernière,  elle était déjà présente dans la collection Fleurus Fantasy Art. Pour le propos didactique, les illustrations enchaînent le plus souvent crayonnés embryonnaires,  graphismes intermédiaires et formes finales colorées. Des conseils succincts sur la réalisation graphique accompagnent chaque illustration.

Trois univers en un

Après une entrée en matière colorée où la bataille des trois techniques voit s'affronter un griffon au crayon, un varan à la gouache et un diable à crinière au feutre, nous accédons à trois univers thématiques (dragons, guerriers, créatures).

Nous abordons, avec les dragons, la partie la plus spectaculaire de l'album. Nous découvrons d'abord leur univers et leurs caractéristiques physiques, puis nous assistons les yeux grands ouverts à la parade solennelle des top models reptiliens : le  dragon d'or, le dragon pêcheur, le dragon hurlant et d'autres jusqu'au dragon bleu.

L'univers plus familier des guerriers (orques, elfes, humains) nous conduit avant et après la bataille. Seul dans une pose altière avec une arme imposante. En compagnie d'un lion ou d'un loup. Debout sur la tête du dragon défait. Certains personnages ("orque rugissant" et "princesse des elfes")  sont surpris en gros plan.

Nous pénétrons ensuite dans le mystère des créatures d'origine humaine (loup-garou, centaure, mort-vivant), des monstres  démoniaques ("diable rugissant", "chernobog"), des créatures mythiques ("monstre du lac", "griffon majestueux"), des monstres des profondeurs ("créature des marais", "gardien des morts"), mais aussi des aliens ("alien sanguinaire", "roi gargouille").

Au total, une dizaine de fiches individuelles pour chacun des trois thèmes.  De quatre à dix illustrations, noir et blanc et couleur, par fiche. De quoi dessiner et colorier pendant des journées entières.

A lire et dessiner

La vocation première de l‘ouvrage est d’apprendre à dessiner des personnages de fantasy, mais, avec les mêmes ingrédients, le nouveau format, plus long, incite davantage à la balade visuelle ou à la curiosité technique. On est un peu à mi-chemin entre l’encyclopédie illustrée et l’outil d’enseignement graphique.

Le bestiaire fantasy est large. Galerie de dragons d’air, d’eau, de feu. Orques, nains, elfes, chevaliers, soldats, chasseurs de monstre. Diable, griffon, serpent, créature du marais, loup-garou. De façon plus surprenante, un chernobog, un alien sanguinaire, un rhinocéros gardien. Bien sûr, on peut toujours regretter l’absence de quelques musts du genre : pas de fée, pas de gnome, pas de troll, pas de magicien. Mais voilà qui pourrait donner matière à un second tome…

Follenn est incontestablement un maître de l’illustration fantasy. Son trait est à la fois élégant, expressif et dense. Riches en détail, ses créatures, lyriques, pleines d’énergie, sont encore plus réussies quand elles sont effrayantes. Le dragon vert, le dragon bleu, l’orque rugissant, le diable rugissant sont impressionnants. Les visages humains ne sont pas tout à fait à la hauteur des monstres et des dragons. Les imposants guerriers en armure sont convaincants, mais les visages de la femme au loup ou du cavalier de l’enfer le sont moins. Les scènes de bataille semblent moins travaillées que les dessins des personnages. Elles desservent la qualité de l’ensemble de l’album.

La progression pédagogique est bien calibrée et bien servie par la juxtaposition des illustrations sur deux à quatre pages. Des formes géométriques simples laissent rapidement la place à des dessins plus complexes, dont l’effet est garanti. Les textes sont clairs, accessibles à de jeunes adolescents.

Les ombres et les couleurs sont bien rendues, les tonalités variées et agréables à regarder, même si la mise en couleur est inégale suivant les illustrations. L’utilisation de différentes techniques (crayon, gouache, feutre), soulignée par la «bataille des techniques», permet d’apprécier visuellement les différences, mais leurs effets et leur usage alternatif mériteraient d’être développés, graphiquement et analytiquement.

Un bel album, dense et édifiant, qui nous plonge dans un univers onirique, exaltant et terrifiant. Les dessins réalisés par des jeunes de 10 à 14 ans sont, dans leur ensemble, plutôt réussis, preuve que la méthode est efficace.