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Photo de New Harlem 3 : Révisionnisme

New Harlem 3 : Révisionnisme

Eric Corbeyran (Scénariste), Richard Guérineau (Illustrateur de couverture), Tibéry (Dessinateur)
Aux éditions : 
Date de parution : 19/05/10  -  BD
ISBN : 9782723465069
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Christian   - le 31/10/2017

New Harlem 3 : Révisionnisme

Deux mois après la parution du dernier volet du triptyque New Byzance, Corbeyran nous livre, sous le crayon de Tibery, le troisième volet de la deuxième série d'Uchronie(s), New Harlem. Après les huit albums parus, trois fois trois feront bientôt dix puisque les trois tomes de New Byzance, New Harlem et New York seront suivis d'un ultime album en forme d'épilogue. L'originalité de l'entreprise tient à ce que les scénarios des trois séries s'entrecroisent et reprennent les mêmes personnages, dans des cités parallèles.

Dans les deux premiers épisodes de New Harlem, un prescient, Zack Kosinski, devient le candidat du mouvement de la Fraternité blanche, dans une ville où tous les postes clés sont occupés par des afro-américains du Black Order, descendants des Black Panthers. Les Blancs vivent dans des ghettos, mais Zack a pu s'en extraire grâce à ses dons. Il a été vendu par ses parents. Il va devenir un conseiller influent du pouvoir en place, avant de se faire enlever par l'organisation terroriste de la Fraternité blanche. Sa prescience d'autres mondes et du passé de New Harlem le conduisent à révéler des faits qui ne plaisent pas au pouvoir en place.

Les personnages de la série et les dons de prescience de Zack sont à mettre en relation avec les autres séries de l'hypersérie Uchronie(s) : le père de Zack est le grand expert de la fusion noire qui permet de voyager d'un monde à l'autre, Tia est celle qui tente d'organiser le passage du père et du fils avant que les choses ne se gâtent, Tyrone est le magnat malfaisant qui essaie d'étendre son pouvoir sur toute réalité dans laquelle il est plongé, pour ne parler que des personnages les plus marquants.

Coma onirique

En compagnie de Graziella, une ex-amie de sa victime, un ancien médecin déchu, Andy Miller, tente d'abattre Zack, mais le candidat aux élections de la Fraternité blanche survit à l'hôpital. Il est soigné par celui qui avait prétendu être son père. Dans le coma, Zack se souvient de sa jeunesse et d'un accident qui l'avait conduit à devenir le cobaye d'une expérience de passage dans un autre monde.

Pendant ce temps, la Fraternité blanche demande à son agent, Tia, de récupérer les preuves historiques de ce que Zack avait affirmé publiquement sur le passé politique de New Harlem. Elle emprunte l'identité de la fille de Tyrone Brown pour s'infiltrer dans les locaux du journal New Harlem, journal favorable à la majorité en place. Mais la récupération des preuves ne va pas être si facile que prévu...

Un ton en-dessous

Album après album, Corbeyran nous en dit un peu plus sur les conditions de passage de Zack et de son entourage d'un monde (d'une série) à l'autre. On apprend dans quelles circonstances le père de Zack a organisé le départ de son fils, victime d'un grave accident, mais la situation du héros est unique car son passage se traduit, en fait, par une duplication réelle, avec réminiscence partielle. Dans le monde de New Harlem, les personnages ne sont pas particulièrement gâtés : entre enfermement définitif et disparition subite, leur retour sur New York est attendu pour bientôt.

Comme cela a été dit des albums précédents, le dessin de New Harlem est le plus faible des trois séries Uchronie(s). Le projet de Corbeyran est ambitieux, mais le dessin de Tibery n'est pas à la mesure de cette ambition. La couverture (Richard Guérineau) est trompeuse, car de très bonne facture. On note des erreurs qu'on ne s'attend pas à trouver dans une série de qualité. La forme des visages change d'une case à l'autre. Les perspectives sont souvent faussées. Les proportions laissent à désirer. On sourit aux mains de Graziella collées au volant à une distance invraisemblable par rapport à la position des épaules. À la courbe improbable d'une jambe ou d'un bras. À la dimension d'un camion par rapport à ses occupants. Il y a des fondamentaux à revisiter. C'est dommage car les décors sont bons, les couleurs sont plutôt réussies, la dynamique des corps et l'expressivité des visages sont très acceptables. Si l'on compare au dessin de Chabbert dans New Byzance, il y a une division d'écart. Et cette différence de niveau porte assurément préjudice à la portée du projet. Tibery a pu pourtant rôder son dessin avec les séries Le Culte des ténèbres et L'Empire de la raison (un album par an depuis 2004) et les deux premiers albums de New Harlem.

Dommage pour le multi-équilibre(s) Uchronique(s) d'ensemble.

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