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La Maison qui glissait

Jean-Pierre Andrevon ( Auteur), Philippe Gady (Illustrateur de couverture)
Aux éditions : 
Date de parution : 25/05/10  -  Livre
ISBN : 9782843440984
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emilie   - le 31/10/2017

La Maison qui glissait

Jean-Pierre Andrevon, l’une des plus grandes figures de la science-fiction française contemporaine, a publié plus de 80 romans dans les domaines de la science-fiction, du fantastique et du polar.

Il nous emmène cette fois dans la banlieue d’une ville française anonyme où se dresse la Tour des Erables. C’est un matin comme tant d’autres pour ses quelques trois cents habitants. Mais, à l’instant même où sonne sept heures, un phénomène étrange isole l’immeuble dans une brume laiteuse et impénétrable. Peur et incompréhension, folles spéculations agitent les résidents coupés du monde extérieur. Puis des phénomènes étranges se produisent et les gens se mettent à disparaître...

Un récit à voix multiples

Comment réagirions-nous face à un phénomène inexplicable, qui se produirait de façon complètement inattendue ? Voilà la situation que vivent les habitants de la Tour des Erables, simples français ordinaires plongés jusque là dans un quotidien des plus banals. Face à ce mystère qui les touche collectivement, chacun vit la situation de façon très personnelle et nous livre alternativement son point de vue. Certains personnages se détachent peu à peu au fil du récit, comme le jeune professeur Pierre Bonnefoy ou le gardien Roger Vincenzini, et forment une trame sur laquelle viennent se greffer les voix des autres protagonistes.  En donnant la parole individuellement à ses personnages, dont les réactions très humaines sont bien loin des stéréotypes et de l’héroïsme, Jean-Pierre Andrevon fait de La Maison qui glissait une passionnante comédie humaine, à la manière d’un film choral. La brume mystérieuse ne fait alors que dévoiler les peurs et les fantasmes de chacun pour en nourrir leurs cauchemars et leur créer à chacun un enfer personnel qui prendra concrètement forme dans la tour isolée.

De l’anticipation ancrée dans le présent

Par de nombreuses références à la société d’aujourd’hui, Jean-Pierre Andrevon inscrit son histoire dans le monde où nous vivons. Ainsi, en décrivant un ensemble de personnages très différents, il recrée dans la Tour des Erables une micro-société française. Il évoque tout aussi bien des problèmes de société comme le désœuvrement des jeunes des banlieues ou l’intégrisme religieux, que des faits d’actualité comme le génocide rwandais, ou encore des préoccupations très actuelles, en particulier à travers les métiers de certains personnages (plusieurs professeurs, un syndicaliste….), et ancre le récit dans notre présent, pour ensuite d’autant mieux le détourner dans l’anticipation.

Une terreur diffuse dans une ambiance de film d'horreur

Car La Maison qui glissait reste avant tout un très bon récit d’épouvante, où la situation de départ prendra ensuite des formes assez inattendues, souvent inspirées du cinéma fantastique ou d’horreur. Jean-Pierre Andrevon s’amuse d’ailleurs parfois à les citer de façon explicite. Un personnage cite en effet une version cinématographique de La machine à explorer le temps d'après le roman de H.G Wells. Les références sont aussi parfois plus subtiles, notamment avec des invasions de bestioles en tous genres, évocation savoureuse des nanars de monstres mutants hostiles à l'homme.
Chez les habitants de la tour des Erables, l’inquiétude et la révolte du début fait rapidement place à une terreur diffuse, car les phénomènes étranges les menaçant frappent de façon aussi soudaine qu’inattendue. La peur monte mais la résignation face à un phénomène devant lequel nos anti-héros sont complètement impuissants s’installe également. L’isolation dans laquelle sont plongés les personnages fait ainsi naître une angoisse qui reflète notre peur de l’inconnu et permet à Jean-Pierre Andrevon une fascinante exploration des tréfonds de l’âme humaine.

 
La fin, que je ne dévoilerai évidemment pas ici, fait la lumière sur le mystère de l’isolation de la tour et offre une belle métaphore sur la relation de l’écrivain avec ses personnages. Quelle est donc la vérité cachée derrière la brume entourant la Tour des Erables ? A vous de le découvrir…

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