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La Perle d'or

Aux éditions : 
Date de parution : 26/05/10  -  BD
ISBN : 9782302009363
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Christian   - le 20/09/2018

La Perle d'or

Comme Le Triangle Secret de Convard, les Uchronie(s) ou les Stryges de Corbeyran et surtout les Mondes de Troy d'Arleston (chez Soleil), Crisse a créé un univers riche, décliné en plusieurs séries se situant à des époques différentes : Kookaburra, la série fondatrice, mais aussi Kookaburra Universe, à laquelle divers auteurs ont été invités à collaborer, Kookaburra K, dessinée par Humberto Ramos. La série dédiée au héros, Dragan Preko, prévue par Mitric et Alliel, est finalement devenue un one shot (tome 12) inclus dans Kookaburra Universe. Également doué pour le scénario et le dessin, Crisse a bâti un space opera ambitieux où des êtres suprêmes s'affrontent dans un  jeu sans fin : la création ou la destruction d'univers.

Ce septième album de la série Kookaburra est le deuxième du nouveau cycle repris au scénario et au dessin par Mitric. Il se situe dans un nouvel univers puisque la réunion des cinq enfants de la prophétie dans les cinq premiers tomes avait conduit à une bataille épique entre le Kookaburra et le Gwana, puis à la disparition de l'univers précédent.

Forcer les portes du temps

Dans le défilé d'un sanctuaire où trône le symbole de son peuple, Loyeen est en danger. Des centaures chevelus menaçants le considèrent comme le survivant d'une race honnie pour les atrocités commises à l'égard de leurs ancêtres. L'esprit de Brian, l'un des cinq enfants de la prophétie, lui vient en aide et l'esprit d'une autre enfant le guérit de ses graves blessures. Des cinq prodiges, Loyeen est le seul à s'être réincarné dans le nouvel univers. Les autres ont besoin de lui pour se réincarner. Loyeen ne comprend pas la haine dont il fait l'objet sur cette planète, mais il cherche avant tout à découvrir la véritable nature des dieux Thankorat et Thanikara qui asservissent son peuple.

Pendant ce temps, Dragan Preko se remet en forme dans un environnement virtuel où de plantureuses créatures s'acharnent sur lui, tout en devisant sur son sort. Il est à la recherche du chevalier-sorcier qui l'a trompé en se transformant en dieu Kookaburra et à la recherche des deux compagnes qu'il a laissées sur Terradoes. Selon le chevalier-sorcier, chaque univers posséderait une porte qui mènerait à cette antichambre des mondes. Depuis son retour de l'Empire terrien, Dragan est devenu un roi-guerrier entraînant les armées des dix royaumes de l'axmundii vers la porte des univers, protégée par un gardien-maître. En jetant toutes leurs forces dans la bataille, ils ne purent que créer un trou noir qui engloutit tous les mondes non protégés. Dragan ne dut sa survie qu'à la perle noire de son œil gauche qui lui assure l'immortalité.

Fort de son entraînement, il récupère le vaisseau dont il a retrouvé la trace, seul vaisseau capable de naviguer à l'intérieur des champs d'attraction du système d'axmundii. Il ne lui manque plus désormais qu'une armée.

Retour aux sources

Le lancement des nouvelles aventures du sniper Dragan Preko avait été plutôt lent dans l'album précédent, plutôt centré sur la nouvelle vie de Loyeen dans une société féline soumise à la volonté des daemonarques. Désormais, le rythme s'accélère. Une attention plus grande est donnée au héros humain Dragan, à qui la mémoire revient peu à peu, et qui redonne une tonalité space opera plus proche du début de série : des chevauchées spatiales, la constitution d'une nouvelle armée, tandis que du côté de Loyeen, nous découvrons peu à peu des antagonismes entre peuples solidaires dans leur soumission à des dieux qui les enferment dans des planètes aux allures de prison. Un souffle plus épique qui redonne de l'intérêt et de l'ampleur au cycle.

On en apprend un peu plus sur le nouvel univers dans lequel ont été projetés nos deux héros (Dragan et Loyeen) qui, pour le moment, continuent d'évoluer parallèlement. Il y a encore peu de liens entre les différentes planètes de ce nouvel univers, mais le cadre se construit progressivement. Il y a donc du progrès dans le scénario, même si celui de Mitric n'est pas au même niveau de suspense et de sophistication que celui de Crisse.

La psychologie de Dragan, devenu entretemps roi-guerrier, est toujours aussi frustre. Entre entraînement de commando et poursuite d'une quête universelle, il n'a plus le temps de finasser ou de conter fleurette, comme il pouvait le faire au cycle précédent. Mais il est de nouveau confronté à des adversaires de taille. Il lui faut entraîner avec lui tout un peuple. Il lui faut défaire les monstres qu'il avait créés pour garder son vaisseau secret. Sa mémoire s'affûte et le voici confronté aux personnages qu'il a connus, le chevalier-sorcier, Taman Kha et Raïsha. Avec ses souvenirs, c'est un peu de la magie de l'univers précédent qui remonte à la surface.

Le dessin de Mitric est dense, toujours en mouvement. Il est précis, bien appuyé. Plus cassant que rond, il s'accorde très bien avec les pointes longues et souples des formes de Loyeen et des siens. La profondeur, l'ombrage fouillé et la diversité de la palette des couleurs renforcent cette impression de densité. Mitric s'amuse avec les perspectives et met savamment en relief ses personnages dans les décors. Les cases élargies, véritables tableaux de SF/fantasy, donnent d'ailleurs toute la mesure du talent de l'auteur et l'on regrette qu'il n'y en ait pas davantage.

Un scénario encore un peu obscur, même s'il puise un peu plus aux sources de la série, et un dessin toujours consistant et très maîtrisé. La fin de la saga est annoncée pour le prochain tome, ce qui laisse augurer une nouvelle accélération du rythme. Mitric annonce d'ailleurs que l'épilogue du dernier tome sera dessiné par Crisse, le créateur de la série. Un bel hommage au maître.

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