Conflits
Hiro Arikawa est née en 1972. Elle a connu un immense succès au Japon avec la saga Library wars. Ses écrits se destinent plutôt à un public adolescent. Elle a reçu en 2008 le Seiun award, équivalent japonais du prix Hugo.
Un Japon uchronique
En 1989, le gouvernement a voté un texte appelé "Loi d’Amélioration des Médias” et qui vise en réalité à un contrôle renforcé de la culture. L’armée est ainsi mise à contribution pour censurer et détruire les ouvrages susceptibles de troubler l’ordre public, ou de porter atteinte aux valeurs de la patrie.
Afin de lutter contre cette répression, les bibliothèques se sont fédérées et mobilisées afin de créer une unité d’élite spécialement entraînée pour protéger les livres et leurs lecteurs. Depuis que, lectrice, elle fut sauvée d’une rafle par un des membres de cette unité d’élite, Iku Kasahara rêve d’en faire partie à son tour.
Un roman avec de bonnes idées
Le postulat de départ est intéressant : l’auteur met en place un univers uchronique (l’uchronie n’est pas un genre si courant dans les romans japonais) où l’adoption d’une loi légalise la censure et oblige les bibliothèques à mettre en place un système de défense (y compris militaire) pour se protéger. Chaque chapitre s’intéresse ainsi à l’un des volets de ce système : les bibliothèques ont le droit de collecter librement des documents, de les proposer comme bon leur semble, de protéger la confidentialité des lecteurs, et de s’opposer à toute censure injustifiée.
Il est assez amusant de voir les bibliothécaires prendre les armes, à contrepied de l’image que l’on se fait de ce métier. Les dialogues sont bien menés, et comme dans le cas de The Sky Crawlers, si la traduction est trop fidèle à l’orignal (avec des phrases qui s’enchaînent mal), la prose de l’auteur s’adapte cependant mieux au rythme de la phrase française. La lecture est du coup plus fluide.
Le problème de ce roman ne vient pas tant du cadre mis en place, que de l’utilisation qui en est faite : les personnages sont caricaturaux (l’instructeur grincheux, le rival, la meilleure amie…), et le développement du discours sur la liberté et la nécessité de lutter contre la censure trop léger pour être convaincant. Sans compter que le récit est régulièrement parasité par les atermoiements de l’héroïne, à la recherche de son prince charmant. Un roman de SF avec de bonnes idées, soit, mais qui laisse un peu sur sa faim.