Le Combat des Trente
Né en 1950 à Pontarlier, Serge Filippini est philosophe de formation. Il est l'auteur de plusieurs romans dont L'Homme incendié, Le Roi de Sicile, Erotique du mensonge et Deux Testaments. Avec Le Combat des Trente, il nous entraîne dans un Paris post-apocalyptique, où toute trace de civilisation est en train de disparaître.
Les rêves d'Asha
Paris au XXIIème siècle est une ville en ruine. Tout est dévasté et la nature reprend peu à peu ses droits. Les derniers hommes qui y vivent essayent de survivre dans le chaos. Asha est une jeune femme de la tribu habitant Neuilly. Son destin, en tout cas c'est ce qu'elle croit, est de s'offrir en mariage à Rob, le chef de la tribu des Commandés résidant dans l'une des deux tours de Tolbiac. Ce qu'elle ignore, c'est que son pire ennemi se trouve dans l'autre tour et qu'ils doivent régler leurs différends dans une lutte à mort entre les trente meilleurs guerriers de chaque clan. En jeu, le contrôle des vannes qui alimentent toute la ville en eau potable...
Un moyen-âge futuriste
Le Combat des trente est un récit post-apocalyptique comme les lecteurs de science fiction ont pu déjà en lire. Dans la veine du Monde Englouti de Ballard ou du Monde Enfin d'Andrevon, Serge Filippini nous offre une vision d'une grande cité détruite. Les images sont fortes, de Notre-Dame en ruine à Tolbiac, en passant par la forêt qui a poussé dans les jardins du Luxembourg. Il y a placé des hommes et des femmes revenus à une sorte de moyen âge, avec des clans s'affrontant les uns les autres, sous la tutelle de chefs charismatiques. La musique, le langage et l'humanité elle-même sont en recul... L'intrigue principale tourne essentiellement autour du combat entre les deux factions de Tolbiac, l'auteur expliquant d'ailleurs s'être inspiré d'un combat en Bretagne entre deux seigneurs pendant la guerre de cent ans. C'est un futur très noir, très sombre qu'il nous propose, dans lequel la bonté et la générosité ont une place qui semble de plus en plus faible.
Plus que le récit, le véritable intérêt de ce roman réside dans les images qu'il suscite, dans ces visions de cauchemar de ce Paris si éloigné et si proche du nôtre. Si vous n'êtes pas un habitué du genre, vous serez sans doute frappé par cette ville, ce monde en pleine déliquescence. Les images vous apparaîtront sans doute grandioses. Le choc sera certainement moins grand si vous êtes familier des récits dans cette veine. Quant à l'histoire, on en ressort pas tout à fait convaincu. On a un peu de mal à s'attacher à ces personnages de fin du monde, tout entier plongés dans leur quête. Il y a quelque chose d'un peu irréel dans ce combat qui commence, quelque chose d'un peu vain, d'un peu incroyable. Autant on était happé par Le Monde Enfin de Jean-Pierre Andrevon et sa mélancolie d'un Paris disparaissant sous la nature, autant l'affrontement du Combat des trente nous laisse un peu indifférent. Les personnages manquent de corps, de matière à laquelle se raccrocher. C'est un sentiment somme toute très personnel. On comprendra aisément que d'autres lecteurs adhèrent complètement au récit. En ce qui me concerne, je reste un peu sur ma faim avec ce roman en demi-teinte.