Le Diable

Léon Tolstoï (1828-1910) est connu pour son œuvre romanesque et en particulier Guerre et Paix ou Anna Karénine. Pourtant, l'essentiel de son Œuvre est constitué de nouvelles dans lesquelles, comme pour les textes plus longs, il excelle à dépeindre l'âme humaine et ses secrets.
La collection Folio 2€ qui propose à ses lecteurs de découvrir des textes brefs ou des extraits choisis des auteurs, souvent classiques, au catalogue de Gallimard, offre ici Le Diable, quatre-vingt dix pages de Tolstoï sous une couverture moderne.

Hygiène et désir

Eugène Irténiev reprend, d'une main ferme, la gestion du domaine légué par feu son père. Sérieux et travailleur, il n'en est pas moins un homme. Aussi fait-il appel aux services particuliers d'une jeune villageoise « pour l'hygiène », se répète-t-il à l'envi. Lorsqu'il trouve à se marier, il ne pense plus à cette liaison qui, s'imagine-t-il, est classée, loin dans son passé.
Il suffit pourtant qu'il croise la paysanne une fois, deux fois, pour qu'il comprenne la puissance du désir et goûte à la tentation, insupportable, irrésistible. Comment s'en sortir ?

Le Diable en jupe

Le Diable que l'on voit souvent comme une bête à corne, rouge et fumante, apparaît, dans cette nouvelle, sous ses plus beaux atours : une jeune femme fraîche et en pleine santé, joyeuse et impudique, libre dans son corps et dans sa tête.
Ce qui en fait la figure du Diable, ce sont la morale et les principes d'Eugène, piégé dans le paradoxe d'agissements sans gravité avant son mariage et interdits après cet événement. La conscience et l'éducation d'Eugène sont donc ce qui transforme en torture et en enfer les appâts d'une jeune femme.

La nouvelle Le Diable, dont le récit se déroule dans la campagne russe est une excellent introduction à l'Œuvre de Tolstoï. Les personnages y sont réalistes et les sentiments du héros, tourmenté et voulant bien faire, sont rendus avec une justesse remarquable. Nul doute que le lecteur, alléché par cette lecture, voudra connaître cet auteur ou, qui sait ?, le redécouvrir.