Papinana

Papinana

Après avoir écrit et dessiné la bande dessinée Métamuta, dont l'action se déroulait dans l'univers de la saga Mutafukaz (signée Run), Jérémie Labsolu livre, toujours chez les éditions Ankama, le premier tome d'une nouvelle série, Nana Huxe. Dans Papinana, le lecteur découvre un sud de la France ravagé par une catastrophe, dont les habitants se sont regroupés en communautés organisées en clubs. Grâce aux pouvoirs surnaturels des crânes singuliers qu'ils possèdent, les crâneurs jouissent d'une autorité qui leur permet de diriger les reliquats de l'humanité. On y suit D'ji et Rose, deux jeunes qui veulent rejoindre le club des Huxes, crâneurs possédant Nana Huxe, un crâne indompté aux pouvoirs immenses...

Assez hermétique

Jérémie Labsolu est un artiste atypique, au style graphique sortant de l'ordinaire. Nana Huxe nous le prouve, avec ses planches aux dessins au crayon, agrémentés de collages. Les personnages de la bande dessinée évoluent dans des décors à peine ébauchés et apparaissent affublés de costumes et de masques qui les rendent à peine humains. L'ensemble visuel pourra rebuter certains lecteurs, d'autant que le noir et blanc laisse place à la couleur sur quelques planches qui apparaissent comme plus claires, tant dans la mise en scène des personnages que dans le déroulement de l'action, ce qui donne l'impression que, tout en restant fidèle à son style qui donne son caractère à la BD, Labsolu aurait pu faire quelque chose de plus accessible.

Ceux qui réussiront à ouvrir Papinana sans le refermer aussitôt ou après avoir parcouru quelques pages découvriront une histoire post-apocalyptique étonnante, se déroulant dans un univers hanté d'éléments fantastiques et mettant en scène des personnages originaux. Toutefois, dans ce premier tome qui expose tout juste les bases de la série, l'intrigue est encore ténue, les pouvoirs des crânes seulement évoqués, et les personnages se révèlent peu attachants, voire antipathiques, même si le manque de maturité des héros et les personnalités chamboulées des crâneurs peuvent permettre de grandes espérances. Le guide des crâneurs qui complète la BD en elle-même, dessiné Patchanka, donne des informations intéressantes sur la société des crâneurs, ce que ne réussit pas à faire Papinana. Il est une branche salutaire pour comprendre un peu mieux l'univers de Labsolu. Rasséréné, le lecteur laissera peut-être alors une chance à l'auteur de le captiver avec le deuxième tome de la série, à paraître prochainement.