La Légende de Kell
Andy Remic est un écrivain britannique. Amoureux de guerres anciennes, de motos et de combats à l'épée, c'est un auteur pétri d'humour (si on en croit l'interview de l'auteur à la fin du livre). Il a écrit des romans de SF et de fantasy mais La Légende de Kell est son premier à paraître en France. Il vient de fonder une maison d'édition numérique, Anarchy Books, qui va notamment publier des romans de James Lovegrove, Eric Brown ou Tony Ballatyne.
La Légende Kell, qui paraît aux éditions Eclipse, avec une couverture qui est superbement réalisée, à l'image de celle de Miséricorde dans la même collection, et signée Kekai Kotaki.
Ne réveillez pas une légende qui dort
Alors que les Terres de Falanor sont attaquées par une armée de guerriers albinos, un petit groupe de survivants s'échappe et décide de prévenir le roi Leandric de l'invasion. À leur tête se trouve Kell, le légendaire héros des Aiguilles Noires, accompagné de sa petite fille, la belle Nienna.
Faisant route vers le sud,ils sont assaillis de tous les côtés par des créatures monstrueuses qui drainent le sang de leur victime pour le ramener à leurs maîtres.
Mais alors que les Terres de Falanor combattent et tente de repousser cette terrible invasion, Nienna découvre petit à petit le vrai visage de son grand-père. Il semblerait que la légende qui fait de lui un héros soit plus belle que la réalité...
Une fantasy au goût de David Gemmell
Andy Remic livre, avec La Légende de Kell, une histoire extrêmement efficace, mais noire. Le lecteur y trouvera violence et force brute car le guerrier Kell ne fait pas dans les détails, il tranche et découpe, au doux son de sa hache fétiche. Car celle-ci lui parle, lui souffle ses agissements. Elle est ainsi autant une malédiction pour son porteur qu'un ange gardien. C'est une force démoniaque qui anime et apporte puissance à Kell, mais aussi lui donne la malignité d'un sombre pouvoir.
Mais l'histoire ne se résume pas à une simple succession de combats et de massacres. L'intrigue est complexe et réserve bien des surprises. L'auteur donne une grande part de réflexion à ses héros, apportant ainsi une véritable dimension à ces derniers. Si les héros en sont évidemment les parfaits exemples, les méchants ne sont pas en reste. Vashel, par exemple, est à lui tout seul un monument de contradictions, partagé entre le désir qu'il éprouve pour Anukis et son dégout pour cette impure . Andy Remic arrive même à nous faire apprécier ce vil et torturé Vachin.
Les Vachins sont l'une des idées originales du livre. Ces vampires d'airains sontconstitués de mécanique et de chair, alimentés par l'Huile-de-sang et crées par les Horlogers. Ces créatures dangereuses et sans scrupules sont de véritables machines à tuer. L'auteur s'attarde, en parallèle du récit centré sur les héros, sur l'histoire de quelques-uns comme Anukis, déclarée impure et honnie par les siens. Cette belle vampire cache bien des secrets, que le lecteur découvrira dans le livre. Une intrigue à tiroir donc, avec une ribambelle de personnages qui apportent chacun à leur manière un réel plus à ce premier tome d'une série qui semble promettre de bons moments de lecture.
L'univers très noir décrit par Andy Remic n'est pas sans rappeler celui de David Gemmell. L'invasion d'un royaume, des personnages tout en muscles et une hache magnifique et mortelle font partie des similitudes. L'auteur y puise ses inspirations et cette ambiance si particulière, étant lui-même fan de Gemmell. Régulièrement on retrouve dans le livre quelques clins d'œils à ceux du célèbre auteur. Un monde ou la vie n'est pas des plus faciles pour les faibles, bien loin de l'image d'Epinal de l'univers de Fantasy.
Une histoire dense, des personnages forts à plusieurs facettes, des combats durs et la survie d'un royaume face au déferlement d'une invasion de monstres qui semble inarrêtables : voilà un très bon roman de fantasy. On attend à présent avec impatience la suite de cette trilogie dont le premier tome est conseillé à tout amateur du genre.