L'Ami de toujours

Ecrivain à la renommée établie dans le monde littéraire de la science-fiction, Xavier Mauméjean, est un auteur aux inspirations littéraires variées. Nombre de ses romans ont reçu des Prix notamment Les Mémoires de l’Homme-Eléphant (Ganesha), La Ligue des Héros ou Lilliputia. Co-créateur de la Bibliothèque Rouge, il dirige aussi la collection Royaumes Perdus chez Mango jeunesse.

Les règles du jeu

 

L’histoire se passe de nos jours, David, un Geek féru de programmation informatique, retrouve "par hasard" Richard son ami imaginaire, perdu depuis l’enfance. Alors que la vie de David change au sein de la plus grosse boite de jeux vidéo de New York, Richard veut  reprendre sa place, coûte que coûte.

Carte postale virtuelle d’un monde et d’un sujet qui s'effacent en même temps que la trame principale.

Bien qu’explorant un sujet alléchant pour les multiples horizons qu'il peut façonner, dans l’imaginaire ou le fantastique, ce roman n’a pas exploité à bon escient les ressources de ces thématiques.

Malgré un début prometteur, au bout de quelques chapitres, on sent l’auteur faiblir sur son idée de départ et vouloir partir vers d’autres directions.

De rebondissement en rebondissement, le concept de base se dilue si bien qu'on ne sait plus très bien quelle atmosphère l’auteur voulait établir dans son livre.

Le choix de l’écriture à la première personne est une bonne idée. Grâce à une narration sur le mode du journal intime, le lecteur suit l’évolution du héros dans sa vie et sa relation étrange avec son «ami».

Mais la confrontation entre les deux protagonistes n’est pas plus perturbante, pour le héros, que de croiser un visage familier et de lui souhaiter une bonne journée.

A aucun moment, le héros ne se pose de questions sur sa santé mentale, ni ne s’en pose sur ce prétendu Richard. Et , dès le deuxième chapitre, ressasse même, serein, le bon vieux temps avec son ami imaginaire. Il y a matière pourtant à se poser des questions.

Malheureusement, par cette absence de développement autour de cette relation schizophrène, freiné puis sabordé par une acceptation instantanée du personnage, la trame s’efface au profit d’une évolution douteuse en territoire Geek.

IRL

Le milieu des jeux vidéo, sujet et décor de nombreuses fictions, est souvent mal connu de ceux qui l’utilisent. Dans L’Ami de toujours, on sent que l’auteur a étudié le sujet de la réalité virtuelle et de la programmation. Il cite même le MMORPG (massively multiplayer online role-playing game / jeu de rôle en ligne massivement multijoueur) mais, curieusement n’élabore aucun scénario là-dessus.

Ce milieu de gamers n'aurait-il été choisi que pour favoriser l'identification de la gente masculine adolescente ?

D’ailleurs, on a bien du mal à savoir à qui s'adresse ce livre.

Les héros sont de jeunes adultes geek, mais leur personnalité oscille souvent entre des clichés, des traits forcés et, pour certains, peine à s'incarner.

Le style, qui se veut jeune et dynamique,  hésite lui entre la connivence et l'accumulation de tics de langage de "jeunes".

Il est dommage de constater, que malgrè des éléments propices à une intrigue palpitante, ce roman s'étiole dans une histoire floue et désincarnée.

L’Ami de toujours laisse au lecteur perplexe un goût d'inabouti.