La mer vue du Purgatoire...
Yslaire est l'un des grands maîtres actuel de la bande dessinée. Depuis ses débuts (et le changement de son nom d'Hislaire en Yslaire), tous ses albums forcent l'admiration. Car Yslaire, c'est d'abord un trait et des ambiances superbes, avec un goût prononcée pour les planches follement romantiques et les corps exaltés. C'est tout simplement beau, très beau ! Dans sa bibliographie, on recommandera vivement Le ciel au-dessus de Bruxelles évoquant le terrorisme et Le ciel au-dessus du Louvre, et surtout XXe ciel.com avec quelques planches qui ont leur place au panthéon de la bande dessinée.
Le cycle de Sambre est majeur dans la bibliographie d'Yslaire. Même si plusieurs années se passent entre deux albums (huit ans entre le tome 5 et 6), il ne cesse de revenir à cette saga romantique racontant la folle histoire d'amour entre Julie Saintange, fille de rien et Bernard Sambre, issu d'une famille noble. A noter que depuis quelques années, deux séries parallèles sur La Guerre de Sambre, en amont dans le temps de la série mère, ont vu le jour, avec à chaque fois Yslaire au scénario et trois autres dessinateurs, Marc-Antoine Boidin pour Werner et Charlotte, Bastide et Mézil pour Hugo et Iris.
Une tempête, un bateau, des rochers, un naufrage...
Après la mort de Bernard, Julie a été condamnée au bagne dans le tome cinq de la série. Mais au début de ce nouvel album, son bateau est pris dans une terrible tempête et coule au large de l'Irlande. Seule rescapée, notre héroïne est secourue par le gardien solitaire d'un phare... Dans un geste un peu fou, il décide de cacher son existence aux autorités pour éviter qu'elle ne soit reprise et envoyée pour de bon à Cayenne...
Superbe...
Encore une fois, ce nouvel album de Sambre est une grande réussite. On savoure chaque case et notamment le jeu des couleurs, Yslaire excellant dans le mélange entre des sortes de dégradés de noir et blanc et des touches de couleurs, notamment bordeaux. C'est un vrai plaisir pour les yeux.
Du côté de l'histoire, le drame avec un grand D se poursuit, chaque once d'espoir étant contrebalancée par d'immenses désespoir. Même lorsqu'elle échappe à la mort, Julie est triste de ne pas avoir eu l'occasion de rejoindre son amant... Sa beauté torturée et sa fragilité sont fascinantes... Il reste pourtant une chance, ténue, qu'elle puisse s'en sortir et revoir son fils : c'est d'ailleurs sans doute ce qui l'attend. On sent que l'histoire ne peut en rester là, le titre évoque d'ailleurs le Purgatoire, antichambre du Paradis ; et tant pis si l'attente dure encore de longues années. Sambre fait partie de ces séries où l'on sait que l'impatience n'est pas de mise. Un travail aussi superbe vaut bien quelques années à relire les premiers tomes et à se délecter des séries connexes.