Un petit mot pour dire que l’illustration faite pour ce roman est très bien réussie, on y voit la belle Dionisia qui tient d'une main une lame de son tarot et de l’autre un pan de velours tel le voile de son destin, sensuelle et vénéneuse comme le sont les faces de la lune. Bravo à Elvire De Cock.
Vendetta au service de la belle Dionisia
Dans ce qui reste d’un magnifique théâtre au milieu des ruines fumantes de Lysania, capitale de Matricia, un sorcier et une magicienne se préparent à un duel sans merci ni retour. La belle et dangereuse Dionisia face à Alino, son oncle perfide et pervers, sont les derniers survivants d’une famille maudite dévouée à un sombre démon. L’affrontement va se dérouler dans cette ville dévastée par la terrible peste cendreuse, au milieu de goules et stryges affamés. Le choix des armes sont les Lames de tarot du Jeu du Destin.
Chaque arcane majeur tiré permet à un souvenir de ressurgir du passé nourrissant ainsi le Jeu du Destin. Le combat des deux mages permet carte après carte de suivre la tragique et douloureuse histoire des Tengelli et la vendetta qui les a décimés. Alino et Dionisia luttant pour leur vie, leur idéal, la survie d’un monde, dressent un sanguinaire tableau fait de crimes, de complots et trahisons d’une famille à la perversité consommée qui a élevé la manipulation et l’assassinat au rang d’art majeur.
En parallèle Angelo, le nécromancien, accompagné d’un chat noir, poursuit sa quête et recherche par tous les moyens à contrer le mal qui détruit l’Archipel des Numinées et qui ne laisse aucun vivant.
Jeux de dupes pour joueur avertis
C'est avec une plume poétique et sensuelle que nous revient une fois de plus Charlotte Bousquet avec ce troisième cycle de L'Archipel des Numinées.
Nous avons d'abord un huis-clos entre deux personnages, Dionisia et Alino, un jeu de dupes autour des lames majeurs du tarot. Un peu à la manière de la pièce de théâtre Le Souper de Jean-Claude Brisville, l'auteur va nous dévoiler la sordide histoire de cette famille qui n'a rien à envier aux Borgias (Borja). J'ai beaucoup aimé ce combat de souvenirs pour nourrir et assouvir une lutte sans merci.
Charlotte sait être tantôt incisive dans cette description, les choix de ses personnages dans leur combat pour le pouvoir et la vengeance, tantôt romantique avec l'idylle de Dionisia et Savino ou encore l'amour illusoire de Tessa, où perce une sensualité très féminine.
C'est donc un tableau à quatre mains que nous dépeint l'écrivain, sur une famille maudite et machiavélique au service d'un démon. L'intrigue oscille entre les complots et les trahisons, le lecteur en aura pour son comptant de luttes intestines avec en toile de fond une épidémie qui ravage le pays. D'ailleurs ce fil rouge permet de faire venir un autre acteur sous le feu des projecteurs, Angelo, le nécromancien. Celui-ci donne un petit air de récréation entre deux tirages d'arcanes majeurs. L'univers baroque d'une Italie de la renaissance est très bien rendu, la fantasy et le fantastique y sont parfaitement inclus donnant ainsi un monde cohérent et riche.
Vous aurez beaucoup de mal à lâcher le roman avant la fin celui-ci. En effet chaque chapitre correspond à un nouveau tirage de cartes et son lot de révélations, un suspense géré d'une main de maître par Charlotte Bousquet. Alors n'hésitez plus, voguez vers les Terres de Numinées pour aller jouer avec le Diable...