Symfonia Ouverture

L'auteur est une jeune fille née en 1992, Manon Toulemont, qui se voit diagnostiquer un syndrome d'Asperger, un autisme de haut niveau, à l'âge de seize ans. Malgré cela, la jeune fille se lance dans des études dans le domaine de l'art et du spectacle et va passer une licence de cinéma.

 

 

 

Paris, novembre 2009, l'hiver est bien installé sur la capitale. Pacôme, un jeune homme de 23 ans, regarde par la fenêtre dans l'ombre de sa chambre le ballet incessant des Parisiens dans la rue près de Pigalle. Eleveur de serpents à la petite semaine, victime d'une malchance persistante il est surtout vampire à ses heures perdues. A côté dans la chambre se trouve Alice, sa jeune soeur aux portes de la crise d'adolescence, qui ne connaît pas son secret et ne se doute de rien quand son frère décide enfin de sortir pour chercher sa proie.

 

Une jeune sans-abri va devenir sa cible : Pacôme entraîne sa victime près d'une église de Montmartre. Mais tout ne se passe pas comme il voudrait. En effet sa proie se défend quand elle comprend le danger. Au même moment, une jeune femme, Olympe, qui se trouve par hasard non loin du drame, ressent toute l'horreur de la situation au fond d'elle-même. La jeune fille, fragile et sensible, s'enfuit en donnant l'alerte, obligeant Pacôme à abandonner le corps sans vie de la sans-abri. Le lendemain la police va découvrir la scène du crime dans toute son horreur et va lancer ses investigations.

 

Pendant ce temps dans un autre quartier, Joseph, étudiant sombre et secret, fait un cauchemar qui trouve un écho dans le meurtre de Montmartre. La police est sur les dents, les journalistes s'en donnent à coeur joie et les rumeurs et enquêtes viennent aux oreilles du bel et jeune héritier Ange d'Orypan, intrigué par la présence d'un autre prédateur que lui à Paris.

 

Ces cinq jeunes adultes ne savent pas encore que le destin est en route et va faire basculer leur vie pour toujours...

 

Une mise en bouche délectable...

Pour un premier roman, la jeune écrivain frappe fort même si au départ des premiers chapitres vous pourriez être un peu déstabilisé. En effet, le style et la manière de mettre en scène les différents protagonistes sort des sentiers battus. On pourrait mettre cela sur le compte d’erreurs ou défauts de premier roman mais je ne pense pas. En fait c’est vraiment le style d’écriture de Manon Toulemont et qui va donner tout au long de ce livre une ambiance très particulière. Ainsi même les personnages se promènent avec des prénoms improbables ou des plus désuets.

L’univers lui-même est très particulier, un Paris en plein hiver avec cet égoïsme latent des citadins et la lutte pour la survie de tous. On suit la vie de plusieurs personnages, comme Ange et Pacôme ou encore Olympe et Alice. J’allais oublier Joseph, qui apparaît un peu comme un électron libre et va se retrouver dans l'histoire sans vraiment savoir ce qu’il fait là. Ce jeune homme au talent si particulier va devoir malgré lui accompagner Pacôme dans sa tourmente et sa cavale. Certains sont des prédateurs, de dangereux tueurs sans limites, et d’autres des êtres doués de pouvoirs des plus originaux.

En aucun cas je peux en dire plus sur l’histoire en elle-même ou les héros. L’intrigue riche en rebondissements ne se savoure que par la découverte et l’initiation faite et prévue par l’auteure. Sachez simplement que vous allez être très surpris et jusqu’à la fin le suspense restera. Je peux parler par contre de la psychologie très fouillée des personnages ou plutôt de certains qui le sont plus, comme Ange ou Pacôme. Ce sont deux prédateurs qui vivent leurs chasse très différemment : Ange est un tueur méthodique et sans scrupules, un véritable génie du crime et de l’art, tandis que Pacôme tente tant bien que mal de vivre avec ses pulsions et éduquer sa jeune sœur qu’est Alice.

Pour celui-ci la vie n’est pas rose; les affres d’un manque total de vie sociale, de compréhension, de recherche de soi et des autres est très bien décrit. La jeune Manon Toulemont a vraiment donné beaucoup d'elle-même dans ce roman, on ressent sa personnalité et ses combats personnels ainsi que son syndrome. Cela donne des personnages très attachants, ce qui est rare pour des tueurs.

Alors, même si certains esprits chagrins peuvent trouver que dans les actions des personnages ou dans leurs tempéraments la caricature est proche, que certains dialogues sont un peu simplistes, tout cela est balayé très rapidement par un univers riche et complexe. Une intrigue qui ne se dévoile que petit à petit pour notre plus grand plaisir, dans un roman qui porte bien son nom : Ouverture et qui laisse présager une suite haute en couleurs et explosive. Je le conseille à tout amateur de nouvelles sensations fortes et d’ambiances fouillées. Il pleut sur Paris, alors calez-vous dans votre fauteuil préféré et savourez sans modération.