Jeunesse
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L'Herbier des fées

Aux éditions : 
Date de parution : 26/10/11  -  Jeunesse
ISBN : 9782226230966
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Nathalie   - le 31/10/2017

L'Herbier des fées

Benjamin Lacombe est très tôt  fasciné par les dessins animés et s’oriente assez rapidement vers la bande dessinée : son premier album sort à 19 ans. Cerise Griotte, album paru en 2006 au Seuil Jeunesse et projet de fin d’études à l’ENSAD (Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris), est traduit en anglais et figure dans le classement du Times Magazine parmi les 10 meilleurs livres jeunesse de l'année 2007 aux Etats–Unis.
Depuis, Benjamin Lacombe développe au fil de ses projets en solo ou duo un univers complexe, raffiné, plein de subtilité et de poésie.
Sébastien Perez son complice de longue date co-écrit avec lui deux albums en 2007 : Destins de chien et La Funeste Nuit d’Ernest. Cette même année sort du même Sébastien Perez Corps de ballerine, illustré par Justine Brax, avec qui il publie l’année suivante Ouki et le mystère de la nuit.
En 2008, Benjamin Lacombe et Sébastien Perez signent un projet de grande envergure : Généalogie d'une sorcière. Sébastien Perez poursuit avec Le Journal de Peter et Thomas le Magicien avant de retrouver Benjamin Lacombe sur ce très beau projet, décliné sur deux supports : un beau livre papier et une version numérique très fouillée.
 
Expédition scientifique en terre de Brocéliande

Alors qu’éclate la Première Guerre mondiale, un botaniste russe réputé se rend dans la forêt de Brocéliande pour vérifier les vertus des plantes qui y poussent.
Il décrit l’avancée de ses recherches dans son journal et dans des lettres échangées avec Raspoutine, son supérieur, ou avec un de ses collègues dont il sollicite l’avis, ou encore avec sa femme, danseuse du Ballet Russe et qui espère pouvoir venir le rejoindre en France.
Mais très vite, les découvertes de Aleksandr Bogdanovich vont l’entraîner dans un monde insoupçonné…


A la croisée de plusieurs univers, au coeur de la magie

Dès la page de garde, la magie opère : une fine dentelle découpée dans les rainures d’un feuillage dévoile la gracile créature présente sur la couverture. La délicatesse de cette dentelle végétale renforce le côté mystérieux du personnage.
Plusieurs jeux de transparence sont à l’œuvre dans cet album : deux autres découpes encadrent et soulignent des illustrations pleine page. Et deux pages imprimées sur une sorte de papier calque en jouant sur transparence et opacité rappellent les relevés botaniques tout en brouillant les repères, créant un flou entre les apparences et la réalité. Ces images évoquent aussi le caractère translucide de certains spécimens découverts  par Aleksandr Bogdanovich.
La fin de la biographie de Aleksandr Bogdanovich plonge d’emblée le lecteur dans une ambiance surnaturelle : il est chargé par Raspoutine de mettre au point un élixir d’immortalité.
Les premières entrées de son journal et les premières planches botaniques sont plus pragmatiques, même si dès le départ Bogdanovich est stupéfait par les vertus médicinales de la grande gentiane ou de la grande ciguë. Ses croquis sont détaillés et rigoureux.
Mais moins de 20 jours après son arrivée, il observe dans le rhizome de la pilulaire un être vert qu’il isole dans un bocal pour l’examiner.
Ses découvertes d’êtres cachés dans des plantes vont croissant. Les schémas botaniques se doublent de planches d’anatomie.
 
Des frontières floues pour un voyage envoûtant

La première lettre de sa femme Irina est accompagnée d’une photo la représentant dans son costume de ballet. Ce cliché apparente sa femme aux mystérieuses créatures découvertes en Brocéliande !
Deux pages après, le scientifique relate sa découverte d’une espèce, l’Helleboria dont il fait un magnifique portrait. Et ces êtres communiquent en dansant. Une double page explique la signification des principaux pas, renforçant le parallèle entre les créatures de Brocéliande et les danseuses des Ballet Russes dont fait partie Irina.
Après le seul échange dont on voit la lettre et sa réponse, une illustration en double page montre dans une explosion de rouge la première créature agressive et  hostile répertoriée par Bogdanovich.
Le récit commence à basculer, la désobéissance se profile, insidieuse. D’autres créatures plus douces viendront soigner Bogdanovich. Mais bientôt, il apparait entouré de belles de nuit, comme happé dans leur monde.
Les coupures de presse relatent, commentent  et étoffent le mystère de la disparition de Bogdanovich, et par le biais du fait divers ramènent en douceur nimbée de mystère le lecteur à la réalité.
Après les révélations progressives de la première lecture, il est fort plaisant de feuilleter encore et encore cet album pour en découvrir tous les détails tant il foisonne d'idées.
Mystère, Histoire et sciences s'y mêlent pour composer un récit délicat et fascinant.
 

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