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Oniromaque

Aux éditions : 
Date de parution : 01/09/12  -  Livre
ISBN : 9791090931145
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  - le 31/10/2017

Oniromaque

«  Jacques Boireau était professeur de lettres ; passionné par l’écriture, la marche, l’escalade et la photographie ». C’est ainsi que l’éditeur nous présente l’auteur. C’est curieux, on s’en douterait simplement à la lecture de l' Oniromaque tant ces éléments y sont présents !
Armada prend le parti d’éditer certaines de ses œuvres, la majorité encore inédites, à titre posthume.


Et si nous pouvions stopper les guerres grâce à une machine à rêves ?

En Grèce, les militaires tentent de faire tomber le gouvernement républicain, soutenus par un puissant cartel, la Hanse. Venus de toutes les nations méditerranéennes et des pays de l’Est, de simples citoyens sont recrutés selon leur capacité d’imagination pour défendre la démocratie et la liberté. Asturiens, Occitans, Franciens, Hongrois… Tous se sont portés volontaires pour participer à un projet très particulier : créer des rêves qui agiront sur la réalité grâce à une machine, l’Oniromaque.
Jordi, cheminot à Clermont-Ferrand, décide lui aussi de défendre ses idéaux – à moins que ce ne soit pour fuir ses souvenirs ?


Un monde moderne que l’on reconnaît

Un peu d’histoire pour commencer !
S’il l’on devine assez aisément à quoi pourrait correspondre la Vénitie, la Francie ou l’Occitanie, ceux qui connaissent la Hanse sont certainement des férus d’Histoire. La Hanse, était une association de villes marchandes au XIIe siècle. Dans ce monde décrit par Boireau, la Hanse est toujours (très) active et fait régner sa loi économique et politique dans toute l’Europe.
Visiblement, le projet Oniromaque se déroule dans ce qui correspondrait à notre XXe siècle, aux alentours des années 1940. Jordi vient d’une région déchirée entre le nord (Francie) occupé et le sud (Occitanie) encore libre, les volontaires sont pour la plupart des anarchistes ou des communistes espagnols et s’opposent au déploiement d’une puissance germanique… Avouez que les ressemblances sont troublantes !
Nous y croisons aussi quelques personnalités célèbres de l’époque, comme l’écrivain français André Malraux, le journaliste italien Dino Buzatti ou l’alpiniste espagnol Tita Piaz.


L’enfer est pavé de bonnes intentions…


Incontestablement, L’Oniromaque est une uchronie politique. Quand les intérêts d’un cartel (la Hanse), réunissant banquiers, industriels et dictateurs, s’imposent aux gouvernements au détriment de la démocratie, il est impossible de ne pas y voir une dénonciation du système capitaliste et de la dictature d’un marché. Tous les participants au projet de l’oniromaque sont des citoyens lambda qui décident de résister à l’oppression et de se battre pour un idéal de liberté. Enfin, se battre… Façon de parler puisqu’ils vont utiliser leurs rêves pour changer le cours de l’histoire. Il existerait une interaction entre le rêve et la réalité, le 1er pouvant donc influencer l’autre grâce au concours d’une machine. Une résolution pacifique du conflit en quelque sorte…


Un monde utopique alors ? Que nenni !!!

Les Résistants ne sont pas des héros. Les hypothèses des scientifiques sur ces fameuses interactions se révèlent plus complexes et surtout plus dangereuses. La machine s’emballe et très vite la situation se dégrade. Les frontières entre les rêves et la réalité explosent.
Boireau nous entraîne dans un monde plein de désillusions et où l’on perd rapidement repères et certitudes. Au-delà des idéaux politiques, c’est notre propre existence qu’il questionne. Je rêve donc je suis ?

Nous avons donc : une pincée d’utopie, une bonne louche de politique et une tasse de philosophie.
Le tout est un roman troublant auquel on goûte avec plaisir.


Claire Mathieu

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