De passion et de haine

Né en 1968, Sylvain Cordurié vient à la BD en 2001. Il signe avec Sébastien Créty trois tomes de Salem la noire chez Delcourt. Après la fantasy humoristique, l’équipe enchaîne sur Acriborea, une série de SF en cinq volumes. Il signe également des scénarios policiers (Le Code d’Hammourabi), et une série inspirée de Lovecraft avec Le Céleste noir. Il produit en 2010 la nouvelle série Sherlock Holmes et les vampires de Londres (Soleil) et une nouvelle saga d’héroic fantasy, Ravermoon.

La série des Seigneurs de Cornwall (en collaboration avec Alessio Lapo, dessinateur du Codex Sinaïticus, et Giuseppe Quattrocchi, ainsi qu’Eric Nieudan au scénario pour ce dernier volet) est dans cette veine, située cette fois autour de la légende arthurienne et de l’histoire de Tristan et Yseult.

Un avenir incertain

Trois ans ont passé depuis le mariage entre Mark et Yseult d’Hibernia. Sans alliés, le roi s’est résigné à rester vassal et otage du Haut-roi Duncan. Gloredell, la fée renégate, a établi sa résidence à Tintagel d’où elle dirige le royaume. Mais les dernières forces vives de Cornwall se rassemblent autour d’un nouvel espoir : Tristan de Loonois est enfin de retour d’exil. Avec l’aide d’Yseult, pourra-t-il mettre un terme aux manigances de Gloredell ?

Un destin tragique

Dans cette série, l’auteur revisite la légende de Tristan et Yseult en imprégnant l’histoire de magie, le philtre d’amour n’étant qu’une de ses manifestations parmi d’autres… l’amour qui lie les deux amants maudits a beau être factice, il va les pousser à changer les choses, et amener la fin d’une ère. Si les moteurs de l’intrigue restent avant tout la vengeance et la soif de pouvoir, les auteurs nous montrent le passage d’un monde païen à un monde chrétien, où la magie cède sa place à la religion.

Ce troisième volet respecte la structure adoptée depuis le début, et se concentre sur des épisodes précis et marquants vécus par les personnages, ce qui les ancre dans une histoire plus globale contée en début et fin d’album sous la forme d’enluminures, comme on pouvait en trouver dans les ouvrages médiévaux. Les dessins conservent les mêmes faiblesses que dans les tomes précédents : si les décors et la représentation de la nature donnent lieu à des planches magnifiques, le bât blesse au niveau des personnages, qui sont pour la plupart à peine esquissés. On notera toutefois une amélioration au niveau expressif des protagonistes principaux, avec des gros plans mieux maîtrisés.

Si la série est classique dans le fond, avec une histoire somme toute bien connue, la situer dans un monde encore empreint de magie lui apporte une touche singulière, avec des albums qui sont autant de zooms sur la vie de Tristan et Yseult et les personnages qui gravitent autour d’eux, le tout accompagné de décors enchanteurs. Les Seigneurs de Cornwall devrait plaire aux amateurs de légendes celtiques et d’histoires tragiques !