L'Aigle de Rome

C’est du haut de ses 18 ans que Wallace Breem intègre l’école d’officiers de la British Indian Army. Après la partition des Indes, il retournera en Angleterre pour devenir bibliothécaire, et publier bien des années après L’Aigle de Rome, qui aura un succès considérable immédiat. Après plusieurs éditions anglaises, et une édition française en 1991, il revient en France sous une nouvelle édition ; bien mérité pour ce classique des livres historiques militaires.

Il faut tenir la berge !

Après un apprentissage long et ennuyeux, puis un poste de défense au mur d’Hadrien, Maximus, fait général, est envoyé avec la XXe legio Valeria Victrix en Germanie pour empêcher à tout prix l’invasion des barbares dans les terres romaines au début du Ve siècle.

Aidé par son ami Quintus, un fin stratège et chef de cohorte hors pair, ils devront maintenir, pendant des mois, et avec des forces dérisoires, l’intégrité des rives du Rhin, seule barrière existante entre les barbares et l’Empire romain.

Abandonnés par une administration corrompue, par les villageois inconscients, et par l’Empereur, les légionnaires devront s’armer de courage, et tenter l’impossible pour faire face aux deux cent mille Germains des différentes tribus qui se préparent à piétiner la Gaule pour fuir les terribles Huns. C’est un combat pour l’honneur et pour une cause perdue d’avance qui se joue…

Un classique de la littérature historique.

Notons que la première version anglaise date de 1970, 44 ans se sont écoulés depuis, et pas une seule ride n’est apparue.

C’est un Empire romain marqué, vieilli et bancal que Wallace Breem décrit dans son livre. La vie dans le camp de légionnaires, les relations entre les légionnaires mais aussi avec les villageois et les administrateurs, les politiques véreux, les prises de pouvoir, les complots, et les trahisons : tout y passe dans ce livre, qui prend alors en finesse et en précision au fil des pages. L’ensemble est dense, richement documenté (et servi par un lexique précis !), et particulièrement agréable grâce à une plume efficace et de qualité.

Il ne faut pas espérer que des scènes d’action et de batailles, l’auteur laisse les protagonistes s’exprimer, et les nombreux dialogues qui ponctuent les batailles servent le réalisme du livre.

Retrouvons aussi en toile de fond les nombreux complots et coups d’État militaires, les trahisons qui ont fait et défait l’histoire des empereurs romains, la montée du christianisme dans l’empire et la disparition des religions polythéistes chez les Romains… L’ensemble est particulièrement riche, et permet, au-delà du contexte militaire, de comprendre le contexte historique qui a entraîné ces événements.

Finalement, c’est un livre historique intense, puissant, et réaliste que nous sert Wallace Breem. Un livre qui marque et laisse un souvenir de ces derniers grands combattants romains longtemps après la fermeture de la dernière page.