Armageddon Rag

On ne présente plus George R. R. Martin, connu pour sa série Le Trône de fer. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il a aussi écrit de nombreux autres ouvrages (nouvelles comme romans), qui touchent aussi bien à la science-fiction qu’au polar, ou encore au fantastique. Armageddon Rag fait partie des objets littéraires inclassables, d’une grande richesse qui n’en facilite sans doute pas la reconnaissance, mais dont il serait dommage de se passer… Folio SF a eu la bonne idée de l’éditer en poche, dans le cadre d’un cycle d’ouvrages consacrés au rock et à la SF. N’hésitez pas et foncez !

Un assassinat plein de retentissement

Jamie Lynch, l’agent des Nazgûls, l’un des plus grands groupes des années soixante, est retrouvé ligoté à son bureau le cœur arraché. Le fameux groupe, dissous après la mort de son chanteur abattu en plein concert, est de nouveau au centre des attentions, ce qui va amener l’écrivain Sandy Blair à s’intéresser aux différents membres du groupe, et le ramener à un passé qu’il n’a jamais complètement quitté…

Mais son enquête va le mener beaucoup plus loin que tout ce qu’il imaginait !

Et la musique, dans tout ça ?

George R. R. Martin nous offre avec Armageddon Rag un vibrant hommage à l’âge d’or du rock et à tout ce qu’il véhiculait d’idéaux, et nous décrit une Amérique où les séquelles de la guerre du Vietnam sont encore bien vivaces. Sandy Blair est l’un des témoins de cette période révolue où tout semblait possible, et dans son road trip à travers les États-Unis, le lecteur découvre un pays qui se cherche encore, un pays que l’on découvre sous toutes ses facettes, avec la musique et une ambiance fantastique en arrière-plan.

Car plus que l’écrivain, c’est le rock qui est le véritable héros de cette histoire : rock qui était le vecteur de toutes les énergies, et la représentation d’un certain idéal. Toute une génération a vieilli et oublié ses espoirs de jeunesse, mais la musique est là pour les réveiller, pour le meilleur et pour le pire. La musique transpire littéralement du texte, l’auteur parvient à la rendre palpable, vivante : on ressent tout ce qu’un concert peut cristalliser de passions, de rêves et d’énergies. Le récit est tour à tour nerveux, percutant, plus doux, à l’image d’un concert de rock, une musique aux facettes multiples, elle aussi, image d’une époque où tous les rêves étaient possibles.

Réflexion sur le changement et le temps qui passe, George R. R. Martin réalise avec cet ouvrage un hymne à l’Amérique et à sa culture populaire, en la présentant sans fard et sous toutes ses contradictions.