Boire pour s’en tirer.
L’humanité du XXIe siècle n’est guère reluisante. Le rétrovirus « Rigor Mortis Ante Mortem » a touché tous les habitants de notre chère planète, transformant tous ses hôtes en zombies. La seule parade pour combattre l’infection est de boire. Beaucoup. Au moins toutes les deux heures, quitte à programmer son réveil pour rester imbibé même pendant son sommeil.
Antonin Hofa, notre héros, est donc comme le reste de la population : constamment saoul, gras et couvert d’acné. Il vient d’avoir seize ans et s’est fixé deux objectifs : coucher avec une fille, puis se suicider. La première mission s’avère compliquée, même si son ami le plus proche, 42-Crew, un pirate informatique très doué, compte bien lui dénicher une fille. Une chose est sûre, pour la nuit de ses seize ans, toute la bande de potes va faire la fête… ce qui signifie pour eux défonce et un passage dans un luna-park virtuel créé par 42. Bon d’accord, ils doivent se coltiner l’androïde One For Four qui prêche pour sa secte, mais ils recrutent au passage Orlando, un loup-garou richissime toqué de Led Zeppelin ! La soirée va prendre un tournant complètement fou : lorsqu’ils s’installent dans une Buick et mettent une compilation d’enregistrements des concerts du rocker, ils se retrouvent propulsés dans le Londres de 1968… juste avant le début du concert ! Mais malheureusement, une déception de taille les attend : dans cet univers-là, Led Zep n’existe pas…
Quel plaisir de voir ces ados qui ne pensent qu’à s’éclater et se défoncer à longueur de journée ! Joël Houssin ne respecte rien, surtout pas ses personnages,se lâche complètement et parsème son texte de paroles des chansons de Led Zep et d’autres monstres sacrés du rock. Tout ceci rythme diablement bien l’ensemble, pour peu que l’on ait un minimum d’amour pour ce genre musical. Mais dans Le Temps du Twist, l’heure n’est pas tout le temps à la déconnade… La machine à voyager dans le temps va s’emballer, séparant notre petite bande dans différentes époques. Il semblerait qu’un des leurs soit un vendu, et pire encore : il serait responsable de la disparition du groupe mythique…
Voyages dans le temps et cyberpunk.
En plus d’adorer suivre la quête sexuelle d’Antonin et les actions des autres personnages complètement décalés, il y a autre chose de particulièrement sympathique : les voyages dans le temps ! On se plonge avec plaisir dans l’ambiance d’un concert à la fin des années 1960 à Londres, et on adore quand Orlando va toquer à la porte de Jimmy Page pour essayer de deviner pourquoi il n’est pas devenu l’un des plus grands guitaristes du monde.
Ce qui met du sel dans l’aventure, c’est que ce roman a un gros côté imprévisible. On ne sait jamais dans quoi Joël Houssin va nous plonger, faisant subitement des pauses dans l’intrigue où tout le monde parle rock et se drogue, pour deux pages après, sombrer dans la catastrophe la plus totale.
Si vous pensiez que la disparition d’un groupe mythique était déjà une sacrée affaire, attendez de voir la suite : c’est l’Histoire humaine telle qu’on la connaît qui risque de disparaître si nos amis n’arrivent pas à stopper le traître ! Antonin et ses potes vont devoir la jouer fine en se baladant dans le temps car en passant dans un univers caché, ils risquent de se faire effacer par une nouvelle réalité. Voilà qui vous donne un avant-goût de la difficulté du problème…
Un tout petit bémol cependant dans ce roman explosif : la dernière partie s’avère quasiment illisible. La conclusion nous plonge en plein cyberpunk avec une avalanche de termes futuristes, complexes et les technologies sont tellement avancées que l’on ne peut clairement pas se représenter concrètement ce qui se passe. Dommage car c’est le combat final, et on a du mal à en profiter pleinement.
Hormis cette petite déception, le roman vaut clairement le coup d’être lu à cause de son côté surprenant et complètement barré ! Mais aussi, il faut dire qu’il pose deux questions de taille ! Nos détritus d’humanité vont-ils réussir à ré-inventer Led Zep ? Et surtout, Antonin va-t-il réussir à tirer sa crampe ?