Amerika Bomber

Si la vogue des récits uchroniques a certainement été lancée par Fred Duval et Jean-Pierre Pécau, celle des récits avec nazis renversant le cours de la seconde guerre mondiale a un pape en la personne de Richard D.Nolane ! Bien connu des fans, ancien de la revue Fiction, on lui doit aussi d’avoir repris la série Blade, créée par Ray Nelson (avec un coup de main de Philip K.Dick en personne).

Nolane a lancé la série Wunderwaffen (littéralement armes merveilleuses) sur un postulat simple : grâce à des avancées aéronautiques (mais pas que, on va vite le voir), le IIIème Reich a repoussé le débarquement allié en Normandie. Avec de nouveaux avions pilotés par des as comme Walter Murnau, l’Allemagne domine les airs. Mais les pontes du IIIème  Reich cherchent à savoir qui les a aidés le 6 juin 1944 lorsque la foudre a frappé la flotte allié : Thor lui-même ?

Virée en Antarctique

Murnau, après avoir survécu au crash de son avion (ordonné par Hitler qui n’a pas confiance en lui) et effectué des missions périlleuses (dont empêcher un raid sur Auschwitz), est envoyé en Antarctique sur la base de la Nouvelle-Souabe. Là-bas, des scientifiques sont en train de mettre à jour une structure en métal datant de plusieurs dizaines de milliers d’années.

Himmler et l’Ahnenerbe sont persuadés d’avoir mis la main sur quelque chose qui va leur permettre de gagner la guerre. Les alliés ont cependant envoyé une armada pour anéantir la base de la Nouvelle-Souabe. Murnau et ses hommes vont-t-il réussir à empêcher ce désastre ? Et a-t-il toujours cette capacité détectée par l’Ahnenerbe de faire fuir la mort ?

La série Wunderwaffen fonctionne car Nolane s’est très bien documenté sur les nazis et leurs projets « délirants » (y compris ceux de leurs ingénieurs). Il a choisi aussi un héros, Murnau, plutôt critique envers ses supérieurs nazis et se met ainsi le lecteur dans la poche : il représente le guerrier allemand compétent mais rétif au nazisme, ce qui est en grande partie un mythe développé dans l’après-guerre par des historiens comme Liddel Hart afin de rallier les anciens de la Wehrmacht dans le contexte de la guerre froide.

Du coup, on est malgré nous avec Murnau. Le graphisme de Maza est plutôt enthousiasmant : on sent chez lui de la joie à peindre les avions, des Messerschmitt aux Wunderwaffe en passant par les Spitfire anglais. Enfin, Amerika Bomber séduit par cette ambiance de mystère glacé, avec cette « chose » réveillée par les nazis et qui évoque à la fois Lovecraft et Carpenter. Nolane et Maza emportent la mise et on sait qu’on lira, quoiqu’il arrive, le prochain tome.