Letter 44 - Tomes 1 à 3

Nouvellement élu, le jeune Stephen Blades découvre stupéfait une lettre laissé par l’ancien président conservateur, Francis T. Carroll (toute ressemblance avec Georges W. Bush n'est pas fortuite). Lui qui hérite d'un pays gangrené par le chômage, critiqué internationalement par ses interventions militaires aux quatre coins du monde, il va découvrir l’envers du décor : tout ce qu’a fait Carroll, il l’a fait pour une raison bien précise, la découverte d’un objet extraterrestre à la périphérie de notre système solaire… aucun contact n’ayant été établi, il est probable que ce soit une arme pointée sur notre planète… il a alors décidé de ne rien dire au monde entier et de lancer dans le plus grand secret la création de la plus fantastique armée que la Terre ait jamais connue, et d’une mission spatiale destinée à comprendre ce que les ETs fabriquent…

 

Contact avec la Maison Blanche

La chaîne des responsabilités s'arrête ici
(Harry Truman, Président 1944-1952)

Si le graphisme apparaît simple et efficace (avec quelques problèmes de perspective par moment) ce qui fait la grande force de ce comics, c’est son scénario, complexe et capable de faire des virages à 190 degrés régulièrement et de vous laisser scotché devant certaines révélations. Entre sa capacité à nous montrer le jeu complexe du pouvoir, et tout ce qu’il implique, la difficulté à envoyer une équipe composée de scientifiques et de militaires pour un premier contact qui promet d’être explosif, dans un vaisseau construit rapidement et qui doit être réparé très souvent, sans parler de la solution trouvée par l’équipage pour gérer la tension sexuelle, on se rend compte que Charles Soule a l’air d’avoir tout prévu ! Y compris ses fameux cliffanghers, qui vont souvent vous laisser pantois.

 

L’innocence perdue

"C’est à nous de décider que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, ne disparaîtra jamais de la surface de la terre."
(Abraham Lincoln, Discours de Gettysburg)

Oscillant sans cesse entre ce qui passe sur Terre et dans l’Espace, il réussit à installer une énorme tension, le fait que ses personnages échappent à un certain manichéisme (le cas de l’ancien président, Francis T. Carroll, voulant toujours tout contrôler et persuadé d’être l’homme de la situation au contraire du nouveau président en est le parfait exemple). Que ce soit la guerre psychologique que les deux personnages se livrent, débouchant sur une guerre tout court, tout comme la mise en place de la menace extraterrestre et de notre difficulté à communiquer avec une espèce complètement différente, Soule et Alburquerque nous livrent une fable sans concession sur les affres du pouvoir, et notre capacité à être notre pire ennemi