Le Meurtre d'Alice
Yasumi Kobayashi est un auteur de science-fiction et d’horreur né en 1962 à Tokyo. Il remporte avec son premier roman le Grand Prix d’Horreur Japonais. Son œuvre éclectique tend à mêler l’horreur et la fantasy, les créatures surnaturelles et les contes merveilleux, sans oublier la science-fiction. Le Meurtre d’Alice est ainsi à l’image du reste de son œuvre, un roman hybride qui navigue à la frontière des genres.
Une enquête entre deux mondes
Alice est suspectée de meurtre au Pays des Merveilles : l’enquête étant prise en charge par le Lièvre de Mars et le Chapelier Fou, la pauvre n’est sans doute pas près de s’en sortir !
En parallèle, d’étranges accidents provoquent la mort de professeurs dans une université japonaise ; Ari Kurisugawa, l’une des étudiantes du campus, commence alors à faire le lien avec les étranges rêves qu’elle fait de manière récurrente... Les crimes commis au Pays des Merveilles se répercuteraient-ils sur Terre ?
Folie, rêve ou réalité ?
Le Meurtre d’Alice se présente comme un roman de détective classique : un meurtre a été commis (on aura aussi une histoire de chambre close pour faire bonne mesure), et l’objectif est bien de démasquer le coupable. Là où il devient un polar atypique, c’est quand le meurtre se déroule dans le monde d’Alice au Pays des Merveilles... Imaginez une enquête confiée aux bons soins des personnages fous à lier de l’œuvre de Lewis Carroll, et vous aurez une assez bonne idée de la galère dans laquelle Alice et les lecteurs se trouvent embarqués !
Le texte alterne les passages au Pays des Merveilles et dans le Japon actuel, et l’enquête progresse d’un monde à l’autre, un procédé astucieux qui permet à l’auteur de maintenir le suspense en multipliant les fausses pistes et les faux-semblants, jusqu’au point d’orgue du roman, où on tient enfin notre coupable... même si les choses ne sont jamais tout à fait ce qu’elles paraissent, présence d’Alice et du monde de l’autre côté du miroir oblige !
Les descriptions sont réduites à leur plus simple expression : les dialogues sont au centre du récit, avec une profusion de jeux de mots et d’effets théâtraux qui contribuent à l’atmosphère singulière de ce roman. Yasumi Kobayashi offre avec Le Meurtre d’Alice un bel hommage au polar, à la science-fiction (univers parallèles, mélange entre rêve et réalité que n’aurait pas renié Philip K. Dick...) et à l’univers créé par Lewis Carroll pour son côté absurde et déjanté. Une belle surprise !