Now future
Benoît Delépine est un touche à tout : humoriste, comédien, journaliste, cinéaste et scénariste, on le retrouve dans différents médias. Beaucoup le connaissent pour son rôle de Michael Kael dans le Groland sur Canal +. Au scénario, on le retrouve dans le triptyque qui compose l'album Now Future : L'imploseur, La Bombe et Godkiller.
Aux dessins de ces histoires, on retrouve le duo Stan et Vince, deux illustrateurs (parfois scénaristes) dont la collaboration a débuté dès 1993 sur la série à 11 tomes : Vortex. Par la suite, on les retrouve aussi en association avec Zep sur Chronokids. Et dernièrement, sur Metalfer.
Quel sera notre futur?
L'album Now Future est en réalité un triptyque constitué donc de trois histoires compilées, ayant pour point commun de se situer dans un futur violent, où la drogue, les manigances, le sexe et les dérives religieuses et sectaires sont omniprésentes.
On suivra trois personnages qui seront les symboles de ce futur diabolique : un garde du corps ultra-violent qui passera un entretien d'embauche avec une mise en situation à balles réelles ; une jeune femme vierge et niaise mais particulièrement belle et bien faite, qui sera abusée, mais avide de vengeance ; et un ancien prêtre qui cherchera à mener une enquête difficile au sein des castes religieuses et sectaires.
Sans concession.
Avouons le, cet album est à prendre avec des pincettes : il ne conviendra pas aux amateurs de politiquement correct et d'univers tout rose. Pour le mettre en évidence, il suffit de citer une phrase de la page 116 : "Quand nous étions ados, nous avions gardé les enfants de choeur ensemble... Alors, comment voulez-vous cacher quelque chose à un gars qui connaissait votre trou de balle par coeur ?!".
Âmes sensibles et bien pensantes, s'abstenir donc. Pour les autres, foncez !
Les intrigues sont systématiquement bien menées (avec peut-être plus de facilité sur La Bombe), avec toujours un regard particulièrement cynique et une volonté de pousser les revendications jusqu'au bout. De la violence ? Elle sera extrême. Du sexe ? Il y aura du viol. De la religion ? Elle sera mise à mal.
En plus d'intrigues franches et directes, la mise en dessin de ces scénarii est tout aussi sans concession. Les traits sont caricaturaux : les corps sont bodybuildés, ou alors gras et flasques ; les courbes sont sexy et affriolantes ; les blessures sont saignantes et sanguinolentes ; les visages sont balafrés ; et les regards seront volontiers lubriques et pervers. Bref, le dessin colle parfaitement et l'ambiance qui en découle est tout aussi malsaine que les scénarii. Une belle réussite en somme !
On découvre par ailleurs avec plaisir, en fin d'ouvrage, les couvertures originales des différents récits lorsqu'ils sont sortis indépendamment les uns des autres ; mais aussi la fin originale de La Bombe, récit qui a été retouché à postériori.
Un album brut de décoffrage, incisif et satyrique, dont le cynisme plaira surement aux lecteurs qui savent ce qu'ils achètent.