Une pluie sans fin
Michael Farris Smith est un auteur américain. Il vit à Columbus, Mississippi, avec sa femme et ses deux filles. Une pluie sans fin est son premier roman mais il a également plusieurs publications à son actif dans diverses revues et anthologies.
La traduction est assurée par Michelle Charrier.
« Il pleuvait depuis des semaines. Peut-être des mois. Cohen avait oublié à quand remontait le dernier jour sans pluie, quand la tempête avait cédé devant le bleu pâle du ciel marin, les vols d’oiseaux, les nuages blancs, l’éclat du soleil sur le paysage détrempé. Il pleuvait, une pluie régulière qui avait perdu son obliquité agressive quand les dernières bourrasques s’étaient éloignées, pendant la nuit. Il avait envie de sortir. »
Et la pluie fut…
Futur proche. Après des années de catastrophes naturelles successives, les autorités décident de ne pas reconstruire éternellement et de tracer une frontière entre le Nord et le Sud des États-Unis. Le Sud est un no man’s land. Les habitants doivent évacuer la zone en échange de maigres compensations.
Mais Cohen ne peut s’y résoudre et décide, comme quelques autres, de rester. Hanté par ses souvenirs, son errance et sa solitude prennent brutalement fin, lorsque sa route croise celle de deux adolescents…
La survie ou la mort
Une pluie sans fin se place dans la lignée des romans et œuvres post-apocalyptiques, à la paternité placardée en quatrième de couverture. Pourtant le roman ne s’intéresse pas à l’après, à la manière dont l’humanité a réussi (ou non) à se reconstruire et survivre. Ici c’est l’instant présent, la transition, l’errance pendant la catastrophe qui est magistralement mise en avant. Et en ce sens, Michael Farris Smith relève bien plus de la Southern Literature, notamment à travers son style et les thèmes abordés.
En effet c’est une odyssée, un périple long et fastidieux auquel nous convie l’auteur. Aucun des protagonistes ne sort indemne de ces pluies diluviennes et de cette destruction, et chacun traîne ses propres fantômes du passé. Communauté religieuse fanatique, prêcheur se prenant pour Noé, protagonistes bien campés et finement abordés, Cohen va devenir passeur et tenter de guider, tant bien que mal, son nouveau troupeau au-delà de la Limite, cette fameuse frontière.
C’est donc une très bonne surprise, et un très bon premier roman, dur et sans concession, mais non dénué d’espoir et de foi en l’homme, à l’écriture ciselée et séduisante. On regrettera cependant le rôle assez caricatural des femmes dans le récit, au caractère pourtant bien trempé par ailleurs.
Une plume à découvrir et à suivre !