Ville avoisinant la Terre

Né à Beyrouth alors que celle-ci était en pleine guerre civile, Jorj Abou Mhaya trouve sa force dans l'art. La peinture d'abord, qui l'a mené à exposer ses oeuvres dès ses 17 ans à l'International Art Gallery de Londres, puis dans la caricature et l'illustration dans divers journaux et agences publicitaires au Moyen-Orient.

 

Ville avoisinant la Terre est son premier album de BD, qui remporte le prix du Festival international de la BD d'Alger. 

 

 

Farid Tawill, un beyrouthin ordinaire, rentre du travail un soir quand il découvre que son lieu de résidence, un simple immeuble dans la ville, a tout simplement disparu. Un fait improbable mais manifestement bien réel. Il n'a d'autre choix que de frapper à la porte de son vieil ami Emile pour y trouver de l'aide et un hébergement. 

 

Mais à croire que rien ne se passe comme prévu, Emile a aussi un bouleversement dans sa vie : il a quitté femme et enfant pour s'installer avec la belle Ani, son nouvel amour. Tant de bouleversements ne présagent rien de bon. Et la confusion et le doute laissent rapidement place à un enchaînement de faits plus absurdes les uns que les autres.

 

 

Sous ses faux airs de récit alambiqué et farfelu, Ville avoisinant la Terre retrace le parcours d'un individu tout ce qu'il y a de plus normal et classique, enfermé dans une vie qui ne lui a pas apporté le bonheur escompté, obligé de faire des choix par défaut et non par vocation, pour survivre années après années dans un contexte socio-professionnel subi.

 

C'est successivement que l'auteur évoque l'espoir, le remord, l'échec, l'envie, la passion, la détresse, dans une simple ligne narrative qui s'écoule sur une nuit, dont les événements s'enchaînent à grand vitesse.

 

Le tout est admirablement illustré dans un noir et blanc léché, lissé, qui joue sur la distorsion de la réalité, des visages, des corps, de l'architecture, pour laisser planer le doute sur la véracité de toute cette histoire. C'est tout aussi agréable à l'oeil qu'à la lecture. Une belle réussite en somme.