Les fils de la Nouvelle-Espagne
Un aperçu des principaux écumeurs de l’aventure….
Le Verger des Hespérides : des bonbons à cueillir dans un humble verger
Le Verger des Hespérides est une maison d’édition jeunesse fondée en 2006 et installée à Nancy. Elle publie ses romans dans cinq collections à ce jour : Humanistes en verve !, Du Coq à l’âme, Patrimoine oral, Aventures à remonter le temps, Le conte bilingue. C’est dans la collection « Aventures à remonter le temps » qu’est publiée la trilogie Les fils de la Nouvelle Espagne. Dans cette collection et « Humanistes en verve ! », les livres se démarquent par une couverture jaune, très soignée (mais mises ensemble, il est possible de les confondre les unes les autres).
Emilie Gautheron : une jeune mousse aux allures de capitaine
Emilie Gautheron est une jeune auteure française qui n’a pas perdu de temps avant de terminer son premier roman : à dix-sept ans, elle a su séduire immédiatement ceux qui sont désormais ses éditeurs et qui l’ont contactée trois mois à peine après l’envoi des manuscrits. Elle qui n’avait envoyé qu’un seul manuscrit signera finalement le contrat d’une trilogie, à dix-huit ans. Pendant son année d’hypokhâgne au lycée Condorcet de Paris, ses éditeurs travaillent à la mise en forme des tomes 2 et 3 : Le Nouveau Monde et La Cité Sacrée, qui sortiront en 2018. Les forbans de Séville naît des différentes passions d’Emilie : l’histoire, les voyages, la plongée subaquatique, le monde espagnol (d’où des études Erasmus dans une université à Madrid). Dès qu’elle le peut, c’est avec une plume à ancres qu’elle passe son temps à l’écriture, une passion qui remonte à ses onze ans.
Elle travaille actuellement sur un nouveau roman qu’elle espère finir à la fin de l’année 2017 et qui se déroulera sous la Révolution française.
Jean-Michel Damien : illustrer une vie de pirates
Après des études aux Beaux-Arts, Jean-Michel Damien a exposé à 19 ans à la fondation des arts graphiques auprès des grands de la bande-dessinée comme Franquin et Moebius. Il s’oriente rapidement vers l’illustration et le dessin d’humour, ce qui le conduit à travailler pour des magazines tels que Science et Vie, L’Idiot international. En 2003, il intègre un atelier d’artistes en Bretagne où il rencontre Anick Lilienthal, avec qui il crée en 2006 une maison d’édition consacrée à la bande-dessinée : « Le Moule-à-Gaufres ». Une compilation de ses dessins d’humour autour de l’ « Art contemporain » y paraît en 2015 (collection « Al Ahram »). Par ailleurs, il illustre des romans jeunesse pour les éditions Le Verger des Hespérides.
Dans Les forbans de Séville, il illustre et ponctue pages et paragraphes de personnages, de décors, d’objets et d’actions. Le lecteur est suffisamment libre de se représenter les personnages grâce à des visages crayonnés en noir et aux expressions sciemment exagérées. Certaines pages sont toutes entières dédiées à des décors, et les portraits plus détaillés sont réussis (celui du capitaine…).
L’histoire : Nous, Voiles, Espagne !
Séville, 1528. Les jumeaux Miguel et Valerio ont été recueillis au berceau par le père Anselmo et vivent à Séville dans le giron de la religion catholique. A Noël, ils contemplent avec envie les galions espagnols qui font voiles vers le Nouveau Monde. Ils ont raison d’espérer. Sur son lit de mort, le curé leur révèle qu’ils sont en réalité nés sur le Nouveau Continent et qu’ils lui ont été confiés dans de mystérieuses circonstances. S’ils ont vu le jour par-delà l’Atlantique, pourquoi les avoir conduits à Séville ? Qui est donc et qu’espérait leur père ?
Ils décident de s’embarquer dans une quête au trésor, celui de leurs or…igines, avec pour seul indice une carte à décor, celui de Yucatàn, un lieu maudit en Nouvelle-Espagne. Leur périple ne sera pas de tout repos : tempêtes, pirates, conquistadors, descendants de Mayas... C’est finalement sur un navire aux voiles noires qu’ils brandiront les rapières vers leur terrain connu(e) ! Seulement, parviendront-ils à aborder sans sabordage ?
Un livre dépaysant et charmant
La trilogie Les fils de la Nouvelle Espagne débute sur un tome tout à fait charmant, écrit dans un style simple et concis, le tout rythmé par des scènes courtes et efficaces. Les illustrations qui le parsèment agrémentent la lecture d’un ton léger et sympathique. Les personnages, bien qu’ils soient assez caricaturaux, sont plaisants : un jeune lecteur ne manquera pas de trouver les pirates convaincants et même de sourire à certaines répliques. L’histoire est bien racontée grâce à un style précis et lumineux qui révèle une grande maturité de la part d’une auteure qui en avait achevé l’écriture à dix-sept ans seulement. Le roman s’apparente à un Disney qu’on lit avec des étoiles dans le cache-œil.
Le roman a quelques petits défauts mais ceux-ci sont très pardonnables en raison de la précocité de l’auteure et surtout, de la candeur avec laquelle elle enrobe son récit. En effet, le roman, un peu trop charmant et idéalisé, peut faire penser à un croisement simpliste entre des films, d’animation ou non, qui abordent des thèmes similaires : La Route d’Eldorado (le couple des protagonistes s’appelle d’ailleurs Miguel et Tulio), Sinbad : La Légende des sept mers, Pirates des Caraïbes. En effet, il n’est pas loin de faire se succéder une pure succession des clichés du genre : l’embarquement (miraculeux), la tempête, les pirates, le perroquet, le jeu de cartes pirates, le pillage, la carte au trésor, les méchants conquistadors, le gentil Indien. En même temps, c’est peut-être ce que demande le jeune lecteur : retrouver tous les éléments « nécessaires » à une aventure exotique dans une Espagne du XVIe siècle qui s’immerge dans l’univers maya. Peut-être est-ce également un moyen efficace de concentrer en un seul livre tout ce qui suscite le rêve dans ce genre de récits. Ce sont finalement ces représentations communes qui donnent l’impression que le roman accomplit sa mission. Le dépaysement est assuré, avec des protagonistes qui, s’ils manquent un peu d’individualité, parviennent à charmer le lecteur et à le faire voguer avec eux sur trois cents pages de sucre.
Une remarque sur la couverture qui rend parfaitement le côté vétuste et exotique d’une aventure du passé. Celle-ci est sympathique, notamment avec l’illusion de déchirures à la surface qui renvoient à un élément du roman, mais l’on pourrait lui reprocher de ne pas mettre assez en avant le titre du cycle ni celui de l’auteure. La confusion entre le titre du cycle et celui du tome est causée par un « tome 1 » perturbateur indiqué en-dessous du titre de la saga. Autrement, elle se distingue même des autres couvertures de la collection.
N’oublions pas que Les forbans de Séville a été écrit par une jeune mousse qui ne fait que (bien) commencer, et qui nous laisse imaginer ce qu’elle pourra nous offrir dans quelques années... Pour les lecteurs férus de pirates, de conquistadors et de Mayas, la suite des aventures de Miguel et Valerio en 2018 dans Le Nouveau Monde !