Ornithomaniacs
Après des études d’histoire et d’architecture, Daria Schmitt travaille chez Disney, puis devient professeur dans une école d’arts appliqués. Elle participe à la création d’une petite agence d’architecture, avant de se consacrer à la bande dessinée à plein temps. Les deux volumes d’Acqua Alta, son premier récit inspiré par Venise et son carnaval, paraissent en 2010 chez Casterman. Ils sont suivis en 2013 par l’Arbre aux pies.
Une jeune fille pas ordinaire
Niniche est une jeune fille ordinaire, ou presque... accro à son portable et aux conversations interminables avec sa meilleure amie, elle a néanmoins une particularité qui la distingue des autres : elle est dotée d’une paire d’ailes dans le dos ! Voilà qui n’est pas courant et source de tourments, surtout quand votre mère ne parvient pas à accepter cette différence.
Dans l’espoir de régler ses problèmes, Niniche va se rendre dans un mystérieux château où un curieux professeur pourra peut-être lui venir en aide…
Une fable sur la difficulté à se faire une place dans le monde
Ornithomaniacs est un ouvrage étonnant, qui ferre le lecteur dès les premières pages : on est très vite entraîné à la suite de l’héroïne dans un enchaînement d’événements à la frontière du rêve et de la réalité, et on restera sur cette lisière tout au long de l’album… un cheminement qui n’est pas sans rappeler Alice au pays des merveilles, dont les rencontres sont autant d’occasions de réfléchir sur la vie et l’absurdité du quotidien. Niniche va ainsi croiser tout au long du récit (dont la structure rappelle une pièce de théâtre) une galerie de protagonistes pour le moins excentriques, qui ont tous des soucis à régler, et c’est à leur contact que l’héroïne va apprendre à s’accepter et grandir – il faut savoir quitter le nid et voler de ses propres ailes ! Les différents personnages cherchent tous des réponses et un sens à leur vie, et leurs réflexions vont amener l’héroïne à trouver ses propres réponses.
Les planches en noir et blanc jouent sur les contrastes et les effets de lumière, et fourmillent de détails et de clins d’œil ; les références à l’histoire ou à la mythologie sont nombreuses, et donnent de la profondeur à l’intrigue. Les dessins rythment parfaitement le récit et contribuent au portrait de personnages fouillés et complexes. Les décors servent ainsi à renforcer les sentiments des protagonistes, qui sont au cœur de l’histoire. À tel point que même quand l’un d’eux (la mère de Niniche) est absent physiquement, sa présence n’en est pas moins écrasante… par le biais des bulles, et de sa voix. Daria Schmitt utilise ainsi pour sa narration toutes les possibilités de la bande-dessinée, et nous offre un album abouti et fascinant, à l’univers riche et foisonnant. Une belle découverte qu’on vous invite à découvrir !