Aliss

Patrick Sénécal est né en 1967 au Québec. Principalement auteur de thriller, on lui doit aussi plusieurs incursions dans le fantastique : il ainsi obtenu en 2006 le Prix Masterton du meilleur roman fantastique pour Sur le seuil. Aliss est son troisième roman chez Fleuve éditions, et se présente comme une revisite moderne d’Alice au pays des merveilles.

Un nouveau départ ?

Alice a 18 ans. Curieuse et intelligente, elle décide un jour de quitter sa province natale pour s’installer à Montréal, pour commencer une vie qu’elle espère plus trépidante. Elle ne sera pas déçue… une rencontre inattendue lui ouvrira les portes d’un quartier peuplé de fous et d’excentriques, avec pour centre le mystérieux Palais dirigé par la Reine Rouge.

Entre un mathématicien dandy à l’esprit tourmenté, des médecins adeptes de la torture, ou un fumeur de joints amateur de chanson populaire, la jeune femme ira de surprise en surprise… jusqu’à l’horreur ?

Une version trash de l’œuvre de Lewis Carroll

Le quatrième de couverture, en citant l’avis du journal québécois La Presse, parle de « roman sanglant à l’érotisme débridé », jolie formule qui cache un lourd pavé indigeste qui s’apparente plus à de la pornographie qu’autre chose. L’auteur se vautre ainsi dans les descriptions détaillées des expériences sexuelles de l’héroïne, le tout mâtiné de violence et de sang jusqu’à l’écœurement. La revisite du chef-d’œuvre de Lewis Carroll (le parcours d’Alice en reprend les péripéties) ressemble à un prétexte pour étaler un catalogue de fantasmes peu avouables, et ce sur pas loin de six cents pages.

J’avoue ne pas être allé jusqu’au bout, lassé de voir se répéter ad nauseam le même schéma tout au long du texte… et ce ne sont pas les quelques passages corrects qui changent la donne : si certains dialogues font mouche et sont un bel hommage à l’absurdité typique de l’univers d’Alice au pays des merveilles, ils finissent noyés par l’indigence d’un récit conté à la première personne, dans un style parlé assez peu agréable et passablement agaçant. L’univers de Lewis Carroll a souvent fait l’objet de revisites, mais force est d’avouer que celle-ci est ratée. Lourd, ennuyeux, vulgaire et malsain, Aliss est un roman à éviter.