Un nouvel écrivain
N. K. Jemisin, née en 1972, s’est fait connaître avec son premier roman, Les Cent Mille Royaumes (Orbit, 2012) qui a obtenu le prix Locus du meilleur premier roman en 2011. Jemisin s’est révélé adepte des cycles puisqu’elle a enchaîné sur la série des livres de La Terre fracturée dont La Cinquième Saison est le premier volume. Le succès a été au rendez-vous puisqu’elle a remporté deux fois d'affilée le prix Hugo, un pour La Cinquième Saison et un autre pour sa suite, The Obelisk Gate, en 2016 et 2017. J’avoue que je finis par me méfier du prix Hugo, Ann Leckie et Connie Willis étant passées par là… Jemisin est-elle aussi à jeter avec l’eau du bain ?
Une femme en pleine tourmente
Après avoir retrouvé son fils Uche assassiné, Essun est à la recherche de son mari et de sa fille. Elle quitte sa ville après y avoir commis des dégâts… Car Essun est une orogène, une humaine douée de la capacité d’entrer en contact avec les plaques tectoniques et les volcans, un lien magique qui l’isole des autres humains. Quand son mari Jijé l’a appris, il a tué son fils… Autrefois, une jeune fille nommée Damaya a été emmenée loin de son village par un gardien nommé Schaffa, après que sa famille l’ait rejetée. Elle est devenue ensuite Syénite, jeune orogène vouée à la reproduction et dévolue au triste et fantasque Albâtre. Que cachent donc ces histoires de femmes ?
Un choc
Eh bien le critique blasé remet au rancard toutes ses remarques clichés du style « la science-fiction n’est plus ce qu’elle était mon bon monsieur » ! La Cinquième Saison est une vraie claque, tant par sa construction virtuose (j’ose spoiler, ami lecteur, toutes ces femmes ont un lien) que par sa narration. N. K. Jemisin a beaucoup de talent, alternant les points de vue et adoptant la narration à la deuxième personne. Sur la trame d’une science-fantasy post-apocalyptique, elle bâtit un univers et un roman fascinant. On voit de tout dans La Cinquième Saison, y compris une réflexion sur l’altérité qui émeut et secoue. Eh bien vivement la suite !