Le regard des furies

Javier Negrete - Le regard des furies

De l’enseignement du grec à la fantasy

Initialement professeur de grec, Javier Negrete commence à publier dès le début des années 90 des nouvelles dans différentes anthologies et se fait ensuite connaître par des romans s’inscrivant aussi bien dans la science-fiction que dans la fantasy. Déjà paru en 2002, Le regard des furies s’inscrit dans le premier genre, auquel Negrete a semble-t-il pour le moment tourné le dos (on va voir qu’on peut le regretter).

L’avenir de l’humanité repose sur un tueur

Fin du 21^e siècle, le professeur Molina donne un cours remarqué de philosophie dans une université espagnole sur une question abordée par Thucydide : le droit du plus fort l’emporte-t-il toujours ? Il remarque une jeune étudiante, Clara Villar, à qui il donne des conseils. Puis il rentre chez lui et est arrêté : il est en fait Érèmos, un tueur génétiquement modifié à la solde d’une compagnie, l’HONYC. Celle-ci préfère le mettre à l’abri en hibernation vu qu’une nouvelle loi a été voté interdisant les humains modifiés. Vingt ans plus tard, la compagnie réveille Érèmos car il y a eu un ultimatum. Si l’humanité a colonisé différentes planètes et commerce avec d’autres espèces, elle reste sous surveillance. Or un vaisseau de l’espèce des Tritons s’est écrasé sur la planète pénitentiaire Rhadamante suite à l’apparition d’un mystérieux objet. Les Tritons ont envoyé un ultimatum pour récupérer leur vaisseau et l’objet sans quoi ils procéderont à la destruction de l’humanité. Érèmos part donc pour s’infiltrer sur Radhamante et découvrir ce qui s’y est passé. Il y retrouve son ancienne étudiante, Clara, qui va l’initier aux mystères de cette société coloniale mais le temps presse…

Un roman original

A première vue, le synopsis du Regard des furies n’a rien que de très classique en science-fiction : relations tumultueuses avec des extraterrestres, l’humanité à sauver, une belle femme… C’est du Edmond Hamilton ! Relevons deux originalités : le personnage d’Érèmos tout d’abord, tueur rendu sans émotions par des manipulations génétiques mais qui se découvre au fur et à mesure des pages justement des émotions. Et puis il y a les références au grec ancien et à la culture antique qui épicent le récit. Le personnage n’échappera pas à son destin, demi-dieu finalement trop humain. Et puis il y a Clara, un beau portrait de femme, pas si évident dans le genre. Un bon plaisir de lecture donc.

Sylvain Bonnet