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Watership Down

Aux éditions : 
Date de parution : 18/10/18  -  Livre
ISBN : 9791090724532
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Nikita   - le 10/02/2020

Watership Down

Des débuts difficiles pour un succès planétaire

Richard Adams naît en 1920 en Angleterre, et nous a quittés en 2016. Il fait ses études à Oxford, entrecoupées par sa mobilisation durant la Seconde guerre mondiale, après quoi il obtient son diplôme et décroche un emploi au ministère de l'Environnement. Ce n'est qu'assez tard (à 46 ans) qu'il écrit « Watership Down », un conte, pour la petite histoire, qu'il commence à inventer lors d'un trajet en voiture pour distraire ses filles - de là à rappeler les origines du « Hobbit », ou le background de Tolkien d'ailleurs, il n'y a qu'un saut de lapin...
Publié initialement en 1972, après avoir essuyé le refus d'un nombre considérable d'éditeurs, le roman s'est depuis lors vendu à plus de 50 millions d'exemplaires, a été traduit dans de très nombreuses langues, et figure parmi de multiples classements des livres les plus lus et les plus appréciés au monde. Il a été adapté plusieurs fois à la télévision, la plus récente étant « La Colline aux lapins », sur Netflix en 2018.

A la recherche de la terre promise de « Watership Down »

A un premier niveau de lecture, « Watership Down », c'est donc l'histoire d'un groupe de lapins qui fuient leur garenne natale lorsque l'un d'entre eux, Fyveer, a la prémonition foudroyante d'un désastre imminent. Incapable de convaincre leur chef de la nécessité de quitter les lieux, lui et son frère, Hazel, rassemblent un petit groupe d'une dizaine de leurs semblables pour partir à la recherche de la fameuse colline de « Watership Down », havre de paix, terre promise... Evidemment les choses ne sont pas aussi simples : le chemin est semé d'embûches, surtout quand on est un lapin. Et une fois la destination atteinte, il n'est pas si évident non plus de s'y créer un foyer durable, a fortiori sans hases à proximité. L'aventure s'arrête-t-elle jamais ?

Un vrai trésor de la littérature anglaise, un classique moderne à faire dévorer par tous

A un second voire à plein d'autres niveaux de lecture, c'est un formidable récit plein de rebondissements (sans mauvais jeu de mots) entre fable orwellienne, utopie, conte philosophique, épopée épique... une incroyable odyssée quelque part à la croisée de « La Ferme des Animaux », des « Animaux du Bois de Quat'Sous » et, je l'évoquais brièvement plus haut, de l'oeuvre de Tolkien. Comme chez ce dernier, il émane des aventures de Fyveer, Hazel et leurs amis un sentiment de nostalgie mythique qui a quelque chose à la fois d'intemporel et surtout d'universel – ce qui explique sans doute d'ailleurs son succès à l'échelle mondiale.

J'étais au départ la première surprise de me prendre de passion pour « une histoire de lapins », et pourtant ! Richard Adams réussit à développer des personnages tout à fait attachants et somme toute très humains, avec une mythologie fascinante faite de légendes orales autour de l'ancêtre des lapins, Shraavilshâ, prince aux mille ennemis, dont la ruse n'a heureusement d'égale que son ingéniosité. C'est que ce n'est pas une vie facile que celle d'un lapin. Pour eux, face à la nature sauvage (les rangs de leurs prédateurs sont bien fournis !) ou aux hommes et leurs inventions (voitures, fusils, cigarettes, ...) – qu'ils ne comprennent même pas toujours, tout prend vite des proportions homériques tout à fait captivantes ! Une quête pour la survie entreprise par des héros improbables au courage inversement proportionnel à leur taille, dont la fragilité rime avec la force, recette d'une œuvre marquante qui reste avec son lecteur bien longtemps après avoir tourné la dernière page...

C'est aussi ce qui fait de cette intrigue, à l'image de tout bon récit de science-fiction/fantasy (à des degrés divers), un prisme des plus efficaces par lequel observer et questionner le fonctionnement de nos propres sociétés. A la recherche de hases, Fyveer et ses compagnons sont en effet amenés à visiter des garennes étrangères et côtoyer d'autres groupes de leurs semblables, organisés de manières variées, des structures les plus libres aux plus coercitives. Mais loin de ne refléter qu'une vision ou qu'une allégorie bien particulière, ce qui fait la force de cette fantastique équipée pleine d'espoir et de poésie, ce sont je crois ses thèmes et ses motifs à même de toucher tout un chacun, d'entrer en résonance avec des cultures venues d'un bout à l'autre du globe et de trouver des échos à la fois chez les jeunes lecteurs mais aussi dans le cœur des adultes. C'est également, à cet égard, un formidable roman sur le rôle magique, fédérateur, essentiel et tout à fait fondateur de nos sociétés, de l'art de raconter des histoires.

Bref, pour peu que vous vous laissiez prendre au jeu, voilà un roman qui renferme beaucoup plus de richesse qu'il n'en laisse paraître, un petit chef d'oeuvre à classer pour moi, aux côtés du « Seigneur des Anneaux », parmi ces livres hors du temps à emporter sur une île déserte, à sauver les premiers d'un dégât des eaux ou d'un incendie, ou plus simplement à vouloir partager et transmettre à son prochain.

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