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Les Voleurs d'absurde

Date de parution : 05/04/19  -  Livre
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Anaelle   - le 24/01/2019

Robert Yessouroun - Les Voleurs d'absurde

Des robots

Un robot trop protecteur et étouffant, une maison qui dirige tout, des robots extra-terrestres, un robot qui nait et qui saccage tout, un autre qui désobéit, un autre qui joue avec des vies humaines, un dernier qui crée un univers...

Les dix nouvelles de ce recueil traitent le thème du robot, de l’androïde, de l’intelligence artificielle vus à la fois par les hommes et par les robots eux-mêmes. L’auteur a voulu que ses robots, son intelligence artificielle de manière générale, soient portés sur tout ce qui caractérise l’humain par rapport à la machine : la naissance, la conscience de soi, l’apprentissage, les émotions, les sentiments, la volonté de survie quoiqu’il en coûte.

Des robots vraiment humains

Robert Yessouroun se base de son propre aveu sur l’œuvre d’Asimov et ses incontournables Robots. Mais là où Asimov exploitait simplement une faille dans le dispositif très carré des trois Lois de la robotique, montrant subtilement des robots plus complexes que leurs créateurs ne le souhaitaient, Yessouroun construit volontairement des intelligences censées fonctionner comme l’esprit humain, avec toute la gamme d’émotions et de conscience de soi qui accompagne un humain et reste normalement son privilège.

Car Yessouroun crée des êtres artificiels qui viennent au monde dans la douleur et l’incompréhension, qui veulent apprendre et jouer, qui cassent tout quand ils sont contrariés, qui prennent conscience d’eux-mêmes, qui passent par une série d’émotions assez vertigineuse, qui manipulent autrui à leurs propres fins, y compris au détriment des hommes. Bref, à la lecture, on obtient... des comportements tout à fait humains, tellement humains même qu’on ne peut s’empêcher de se demander l’intérêt de fabriquer une intelligence artificielle puisqu’on trouve déjà tous ces comportements dans n’importe quelle école. Yessouroun veut apparemment égaler l’humain avec ses robots, au lieu de s’attarder sur des caractéristiques propres à la machine, complémentaires de celles de l’homme.

Des robots peut-être dangereux

On s’éloigne donc vraiment des créations d’Asimov, et des lois de la robotique qui pourtat servaient bien à mettre en garde à la fois les auteurs de SF et les constructeurs de robots réels : si on fabrique des machines capables de s’en prendre à un homme, physiquement ou par la manipulation, on met des sécurités. Par exemple, si un robot dangereux veut se préserver mais qu’un humain lui ordonne de se mettre en arrêt, le robot doit obéir...

L’auteur écarte donc complètement cet héritage réflexif pour créer des êtres (trop) pleins d’émotions et de conscience de soi, ce qui amène forcément à des situations où les robots vont entrer en opposition avec les hommes. On reste bien sûr très loin de Matrix ou de Terminator, mais le conflit reste inévitable, et les protagonistes humains de Yessouroun passent leur temps à supprimer des robots qui pourtant ne font que suivre les instructions qu’on leur donne. Pas très efficace, cette conception de l’intelligence artificielle...

Un style assez simple

Ce recueil de nouvelles est écrit dans un style assez simple, parfois poétique, avec des constructions en parallèle assez sympathiques, mais l’ensemble reste un peu maladroit. L’auteur est peut-être plus à l’aise avec les romans...

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