La défense du paradis

Thomas von Steinaecker - La défense du paradis

Un homme à plusieurs casquettes

Ecrivain, scénariste de bd, réalisateur de documentaires : Thomas von Steinaecker a plusieurs vies ! En France, on le connaît surtout pour Une vie comme un été, roman graphique paru chez Delcourt en 2018 avec des dessins de Barbara Yelin. La défense du paradis est son premier roman traduit en France et se veut une dystopie post apocalyptique avec un jeune adolescent comme héros, Heinz. C’est plein de promesses sur le papier mais encore faut-il les tenir.

Après la fin du monde

Jeune homme de quinze ans, Heinz vit dans un chalet sur les hauteurs des Alpes bavaroises. Une dizaine d'années plus tôt, il y a eu la « Chute », un phénomène inexpliqué qui a détruit la civilisation. Âgé de quatre ans, Heinz a été recueilli par un groupe d’adultes menés par Cornelius, un homme qu’il idolâtre. Il a comme compagnon son robot fennec, seul vestige de son enfance, toujours prêt à lui raconter des contes. Pour son quinzième anniversaire, Cornelius lui offre un cahier noir avec une mission : écrire leur histoire, la sienne et la leur. Mais voilà que tout dysfonctionne dans leur chalet où les bêtes commencent à mourir. Cornelius, Heinz et les autres vont devoir descendre vers la plaine qu’ils ont autrefois fui. Vont-ils y trouver des survivants ? Et qu’est-il arrivé au monde ? C’est ce qu’Heinz va nous raconter.

La voix d’un enfant

Le tour de force du roman est de découvrir ce monde post apocalyptique (genre devenu célèbre dans le grand public grâce à La route de Cormac McCarthy) par les yeux de Heinz. L’adolescent imagine être le dernier enfant sur Terre, ce qui change lorsque la jeune femme du groupe tombe enceinte. Il découvre en tout cas le monde qui l’entoure avec une certaine candeur, parfois touchante. Et puis il y a le fait qu’il écrit dans son cahier tout le temps, persuadé qu’ainsi « nous survivrons ». Par une telle foi dans l’acte d’écrire et de créer, Heinz nous émeut. On attend désormais d’autres livres de Thomas von Steinaecker qui, sans bouleverser le genre, impose un ton.

Sylvain Bonnet