Aurora

Kim Stanley Robinson - Aurora

Un auteur installé

Kim Stanley Robinson s’est fait connaître avec des romans comme Le rivage oublié (J’ai lu, 1987) ou La côte dorée (J’ai lu, 1989) puis s’est fait connaître comme l’auteur de la trilogie Martienne, publiée dans les années 1990, où il racontait avec une certaine rigueur scientifique la terraformation de la planète rouge. Il y gagna deux prix Hugo. On lui doit aussi 2312 (Actes Sud, 2017), un roman particulièrement touffu qui remporta le prix Nebula en 2013. Avec Aurora, il ne propose rien de moins que le récit du voyage d’un des premiers vaisseaux « colonisateurs » vers un autre système solaire.

Le grand Trek

Ils sont partis de la Terre depuis plus d’un siècle à destination de Tau Ceti et de la lune Aurora, dotée d’une atmosphère respirable d’après les informations des sondes. Les générations se succèdent à bord, tant humaines qu’animales : plusieurs environnements de la Terre ont été recréés afin de faciliter la colonisation. A bord, l’ingénieure Devi travaille à résoudre tous les problèmes posés par un vaisseau vieux de plus de deux siècles : il est malheureusement de moins en moins facile de trouver des solutions. Elle a aussi à s’occuper de sa fille, Freya, adolescente rebelle qui ne cultive pas les sciences comme sa mère. Pour apaiser les tensions, Badim, père de Freya et époux de Devi, convainc cette dernière de laisser sa fille partir en voyage explorer le vaisseau et sa faune. C’est son initiation à la vie, à un moment où le vaisseau achève sa décélération aux abords d’Aurora. Bientôt les colons descendent sur la planète. Mais celle-ci se révèle au final impropre à la vie. Que faire ? Repartir vers la Terre ou aller sur une autre planète du système ? Devi est morte et tous les regards se portent sur sa fille, Freya…

Une anticipation réussie

Aurora offre une description minutieuse d’une expédition de colonisation vers un système solaire étranger, avec toutes les répercussions possibles d’un point de vue social, scientifique, écologique. On note les difficultés croissantes du vaisseau que l’ingénieure Devi s’efforce d’atténuer. L’histoire laisse rêveur et pessimiste : la colonisation échoue et les colons choisissent le retour vers une Terre qu’ils ne connaissent pas mais seule a priori capable d’abriter les conditions nécessaires à la vie humaine. Un message à retenir au moment où le réchauffement climatique menace à long terme l’humanité et la biosphère ? En tout cas, Aurora est un bon roman de Speculative-fiction.

Sylvain Bonnet