Prenez une ville ravagée par la guerre : Bagdad, 2004. Prenez deux types ordinaires qui tentent de survivre ; ajoutez un ex- tortionnaire qui veut sauver sa peau, un trésor enfoui dans le désert, un GI bouffon mais pas si con. Incorporez un fanatique religieux psychopathe, un alchimiste mégalo, une Furie et le gardien d'un secret druze. Versez une quête millénaire dans un chaos meurtrier chauffé à blanc ; relevez avec sunnites, chiites, armée américaine et tueur aux capacités surnaturelles. Assaisonnez de dialogues sarcastiques et servez avec une bonne dose d'absurde.
La science-fiction est partout
Journaliste, Saad Z. Hossain s’est fait connaître en France grâce à Bagdad, la grande évasion !, publié initialement aux Éditions Agullo en 2017. Notons aussi que ce roman a été élu livre de l’année par le Financial Times, très renommé pour son expertise dans la littérature de l’imaginaire. Bien sûr. Essayons de voir, grâce à la réédition en Folio si cela vaut tout simplement le coup.
Bagdad, année zéro
Bienvenue dans l’Irak occupé par les américains. Le chaos règne, grâce en partie aux mêmes américains. Mais voici que commence une quête pour une montre ancienne, visiblement d’origine kurde, dans laquelle se lance Hoffman, un GI très bizarre. Il n’est pas le seul : il y a Dagr, un ancien professeur désabusé, Kinza, un ancien de la garde républicaine. Et puis il y a Avicenne, un vieillard, et sa petite fille Sabeen, dont Hoffman s’amourache. Ils sont pris dans une lutte millénaire impliquant Avicenne et un Druze nommé Afzal Taha. L’enjeu ? Rien moins que l’immortalité.
Un résultat efficace
Pour une fois que le Financial Times a en partie raison, ne boudons pas notre plaisir : Badgad, la grande évasion ! est un roman picaresque, drôle et cruel, ancré dans la culture orientale (ah oui les amis, il faut regarder ce qu’est un druze, c’est expliqué dans le lexique à la fin). On pense effectivement aux Rois du désert de David O.Russell, film comme on ose plus en faire à Hollywood. Rien de révolutionnaire mais on passe un bon moment. Et puis les soldats de l’oncle Sam passent pour des guignols, savourons.
Sylvain Bonnet