Livre
Photo de Jardins de poussière

Jardins de poussière

Ken Liu (), Aurélien Police (Illustrateur de couverture), Pierre-Paul Durastanti (Traducteur), Dominique Martel (Anthologiste), Ellen Herzfeld (Anthologiste)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 21/11/19  -  Livre
ISBN : 9782843449598
Commenter
SylvainB   - le 20/04/2020

Ken Liu - Jardins de poussière

Un auteur montant

Né en Chine et émigré très jeune aux Etats-Unis, Ken Liu s’est d’abord fait connaître comme auteur de nouvelles et a remporté le prix Hugo de la meilleure nouvelle en 2013 pour Mono no Aware. En France un recueil est paru au Belial en 2015, La ménagerie de papier, qui a confirmé son talent. On se doit cependant d’émettre des réserves pour ses romans : La Grâce des rois (Fleuve éditions, 2018) s’est ainsi révélé lourd et indigeste, empêtré dans des références à la culture chinoise classique et à Tolkien. Le Bélial', qui a aussi fait paraître des novellas comme L’homme qui a mis fin à l’histoire et Le regard respectivement en 2016 et 2017, a fait paraître à l’automne dernier un nouveau recueil, Jardins de poussière.

Des thèmes classiques

On retrouve sous la plume de Ken Liu des thèmes classiques de la science-fiction. Ainsi de l’uchronie auquel on peut rattacher Une brève histoire du tunnel transpacifique où l’auteur imagine que la construction d’un tunnel sous le pacifique par les américains et les japonais a empêché la seconde guerre mondiale. Longs courriers se rattache aussi à cette veine On voit aussi Ken Liu s’aventurer sur les terres d’un Greg Egan avec Rester et Ailleurs, très loin de là, de vastes troupeaux de rennes qui se déroule dans un univers où une Singularité a poussé l’humanité à abandonner une existence de chair et de sang pour s’ « uploader » dans des technocentres. Jardins de poussière nous transporte sur un vaisseau qui s’est échoué sur une planète hivernale en ayant largué ses réacteurs. Le courant électrique provient des panneaux photovoltaïques qui doivent être nettoyés. L’ordinateur réveille donc de son sommeil cryogénique une artiste, en fait la personne la moins indispensable de l’équipage pour les nettoyer. Et elle le fait. Au rayon fantasy, on découvre aussi La fille cachée où une jeune fille est enlevée à son père et transformée en assassin par une moniale bouddhiste. Mais la transformation est-elle complète ? Il y a aussi une certaine ironie dans Le fardeau, où des fouilles archéologiques ont permis de découvrir un texte extraterrestre dont la traduction est longue et laborieuse. Il s’avère au final qu’il s’agit d’un code des impôts mais on préfère en faire une saga pour garder les subventions !


Une spéculative fiction humaniste

Il est difficile de rattacher Ken Liu à un sous genre précis de la science-fiction a priori. Au final, son travail évoque davantage la « speculative fiction » des années 70 et aussi Theodore Sturgeon par sa sensibilité. Dans Souvenirs de ma mère, on découvre le personnage d’une mère, souvent absente pour ses voyages spatiaux, qui devient plus jeune que sa fille dont la vie défile. Apparaît ici un thème majeur chez Ken Liu : le rapport parent/enfant (déjà repéré dans La ménagerie de papier), aussi présent dans Rester, histoire courte et efficace. On retrouve aussi cette veine dans Sept anniversaires. Chez lui, les personnages sont aussi importants que les hypothèses science-fictives ou dans de la fantasy comme dans Bonne chasse : il s’agit d’une fiction enracinée dans l’histoire chinoise où un jeune homme tombe amoureux d’une jeune démone, Yan. Mais voilà la magie s’amenuise et disparaît petit à petit avec l’arrivée des européens et de la révolution industrielle. Il devient ouvrier et elle courtisane, incapable désormais de se transformer comme avant. Dans L’ermite – quarante-huit heures dans la mer du Massachussetts, nous sommes projetés dans un monde dévasté par le réchauffement climatique où la personnage principale a choisi de s’exiler sur Terre fortune faite pour y défendre l’environnement né du désastre. Très beau.

Au final ce recueil confirme que Ken Liu est fait pour écrire des nouvelles !


Sylvain Bonnet

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?