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L'athée du guerrier

Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 09/10/20  -  Livre
ISBN : 9791097465476
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L’Athée dans le grenier est une novella publiée pour la première fois en 2018 aux USA. Ce texte raconte avec suspense, tension, réflexions diverses, la rencontre très secrète entre le mathématicien génial Gottfried Wilhelm Leibniz et le philosophe Baruch Spinoza dans son logis à Amsterdam, en 1676.
Écrit sous la forme d’un journal, celui de Leibniz, les deux protagonistes abordent ensemble les crimes notamment cannibales commis pendant la période du Rampjaar (année désastreuse de 1672 dans les Provinces Unies suite à l’attaque conjointe de la France, de l’Angleterre, de Cologne et de l’évêché de Münster), la question des miracles ou encore des tracas du quotidien, des selles et autres questions pour le moins triviales.
Samuel R. Delany fait preuve ici d’une certaine virtuosité littéraire imaginant un dialogue et un monologue philosophique dont nous n’avons aucune trace. Ce texte rejoint plusieurs préoccupations de l’auteur et notamment la philosophie.
Ce n’est pas de la science-fiction mais plutôt de la philosophie-fiction-historique.
Leibniz est l’inventeur du calcul binaire, du 0 et 1, de machines à calculer, des algorithmes et ses 200000 pages de notes restent encore très largement méconnues.

SylvainB   - le 09/12/2020

Samuel R. Delany - L'athée du grenier

Un pionnier

On doit à Samuel Delany, un des premiers écrivains afro-américains de science-fiction quelques très beaux romans. Citons L’intersection Einstein (1967), Babel 17 (un des premiers romans de linguistique fiction) qui ont obtenu chacun le prix Hugo et surtout Nova (1968). Dans la décennie 70, il s’est fait plus discret, donnant toutefois Triton et Dhalgren. Les éditions Goater publient ici une de ses novellas, L’athée du guerrier, datée de 2018 et encore inédite chez nous.

Dialogue entre deux philosophes

La novella met en scène la rencontre entre les philosophes Leibniz et Spinoza au 17e siècle, narrée par le premier dans son journal. La date imaginaire de leur rencontre n’est pas anodine : 1672, soit le moment où Louis XIV envahit la Hollande (les raisons de cette guerre sont assez obscures, même pour un historien de formation). On lit donc le récit d’une conversation parfois très pointue qui peut « larguer » un lecteur moyen non familier de la philosophie.

Racisme ordinaire

Plus prosaïque, l’essai Racisme et science-fiction, daté de 1998, intéressera beaucoup le lecteur. Delany revient sur sa propre expérience d’auteur dans les années 60. On découvrira avec attention combien le premier réflexe de beaucoup de ses confrères était de le ramener à sa couleur de peau, que John W. Campbell refusa de publier Nova parce que le héros était noir et que le public ne pourrait pas s’identifier à lui. Mais il n’y avait pas que lui : le milieu décrit penche largement du côté démocrate, progressiste, est rempli d’intellectuels de la côte est mais les préjugés racistes sont pourtant légion (ce qui n’empêchera pas Nova de remporter un franc succès, de l’aveu même de Delany). Malgré une traduction en écriture inclusive qui fait mal aux yeux du critique, c’est passionnant. À lire.

 

Sylvain Bonnet

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