2103. An quarante de la nouvelle ère. Ce qui reste de l’humanité survit dans des nacelles suspendues au-dessus de la Terre. Dans la haute atmosphère, où l’air est encore respirable, de frêles esquifs rattachés à un mystérieux Navire Amiral abritent d’étranges survivants. La surface de la Terre, en surchauffe, voit se succéder épidémies et cataclysmes. Il a fallu se faire à la vie suspendue entre ciel et terre. Les minuscules communautés inventent une nouvelle vie, chacune mal soudée par un hobby qui les rassemble. On ne mange plus, on s’imprègne. On surgèle les mourants, et plus haut, des « aristechnocrates » surveillent, et plus haut encore le Navire Amiral se tait.
Un auteur engagé
Après avoir été tenté par la philosophie, Pierre Alféri a publié des recueils de poésie et des romans, principalement chez P.O.L. Il est aussi connu pour son engagement politique à l’extrême-gauche, soutenant par exemple en 2016 le mouvement « Nuit debout ». Hors sol a déjà été publié en 2018 chez P.O.L et est republié en poche par Folio SF.
Message du futur
En 2018, d’étranges messages nous parviennent, décrivant la vie vers 2100. La Terre est devenue une planète surchauffée où la température au sol dépasse souvent les cinquante degrés. Une partie de l’humanité, sélectionnée par jeu une quarantaine d'années auparavant, survit dans des nacelles suspendues dans le ciel. Dans ces nacelles, les humains évoluent seuls. Ils ne mangent plus, s’imprégnant de « sojalent » dans des jacuzzis. Ils inventent de nouveaux jeux sexuels. Tandis que la surface étouffe de chaleur, un grand navire amiral surveille les nacelles dans le silence, en attendant un grand départ vers Mars ou ailleurs. Un mensonge ?
Un livre percutant
Pour rédiger Hors sol, Pierre Alféri a pris toutes les tendances de notre époque (hyperconnexion, hédonisme sexuel, transhumanisme, tendance à l’indifférence entre les humains…) et les a poussés à leur paroxysme. Le tableau de l’humanité ainsi livré est accablant, on a pas du tout envie de voir survivre les individus décrits dans ce roman. Par contre, le lecteur ici ne peut pas suivre un ou des personnages : c’est voulu par l’auteur, qui s’est attaché à donner des vues de la vie de chaque communauté, des instantanés. Mais on peut aussi en être gêné. Dystopie radicale, Hors sol choque et c’est son but.
Sylvain Bonnet