Le livre de Koli

Le livre de Koli

Le livre de Koli de M.R. Carey fait partie des romans de la rentrée littéraire. Il vient d'être publié par L'Atalante dans la collection La dentelle du cygne. Le livre a obtenu une mention spéciale lors du prix Philip K. Dick 2021. L'auteur est connu pour avoir écrit beaucoup de comics mais aussi le roman Celle qui a tous les dons édité également par l'Atalante et adapté en film en 2016. Rempart, Le livre de Koli est le premier tome d'une trilogie. La traduction est signée Patrick Couton.

Un monde post-apocalyptique

Koli a 15 ans et habite Mythen-Croyd, un petit village de 200 personnes situé au nord d’un pays qui s’appelle l’Engleterre. Le village est entouré de remparts qui le protègent d'une nature très sauvage et dangereuse. En effet, Koli vit dans un monde hostile, un monde où ont eu lieu des guerres, des bouleversements climatiques et où les humains survivent dans des petites communautés restreintes. Koli travaille à la scierie en compagnie de sa mère et de ses sœurs. Leur tâche consiste à faire que les arbres utilisés pour les maisons et autres restent bien morts. Car dans ce monde, les plantes en ont eu marre de subir les méfaits des humains et se sont rebellées en les empoisonnant ou les mordant pour ensuite mieux les engloutir. Il vaut donc mieux s'assurer que cela n'arrive pas à l'intérieur du village. Comme tous les jeunes de son âge Koli doit bientôt passer une épreuve qui définira sa future affectation au sein de Mythen-Croyd.

A première vue, le roman ressemble à pas mal d'autres en mêlant roman d'initiation et post-apocalyptique. Cependant, il développe bien d'autres choses notamment au niveau du monde mis en place où l'on trouve des « techs » ces objets des anciens mondes qui ont subsisté. Ces objets servent à définir les rôles de pouvoir au sein du village. Seuls ceux qui les font réagir et peuvent s'en servir ont des postes d'importance. La société décrite par l'auteur ressemble à une société primitive où la survie est difficile et où un petit nombre contrôle les autres.

Une narration très immersive

L'histoire est racontée par Koli lui-même à la première personne. Comme il revient sur son histoire, il lui arrive de s'adresser à son lecteur en expliquant pourquoi il raconte tel ou tel événement dans cet ordre. Koli a aussi un vocabulaire à lui et une manière de s'exprimer particulière. Le monde a changé et le langage également, ce que reflète la narration de Koli. On a un peu de mal à s'y faire au départ mais ce style est tout à fait logique et approprié à l'histoire. L'orthographe des mots a changé, le vocabulaire également, la langue s'est adaptée au monde où vivent les humains.

Cette narration emmène Koli à raconter les éléments de son monde par petites touches et permet de voir le décalage entre notre univers et le sien. Beaucoup de choses restent encore dans l'ombre et titillent la curiosité du lecteur. Le roman souffre d'une petite baisse de rythme vers le milieu mais elle est compensée par l'envie d'en apprendre plus sur ce monde si particulier. Koli se dévoile peu à peu au lecteur et devient vite attachant, il apparait comme un peu benêt et jaloux au départ avec des considérations de son âge puis on découvre finalement un personnage profondément humain.

Mike Carey parvient ainsi à happer son lecteur et à le plonger dans son univers post-apocalyptique grâce à une narration immersive. Avec ce premier tome d'une trilogie, il pose les bases d'une histoire solide, avec son lot de réflexions sur le monde et un langage qui a évolué en même temps que le monde. Un premier tome réussi qui donne envie de se plonger rapidement dans la suite.