UNITED STATE OF EUROPE : UNE SOCIÉTÉ SOUS CONTRÔLE – ENTREPRISES, PRESSE, ÉDITION, COMMUNICATION – OÙ SEULS LES BONS CITOYENS SONT RÉCOMPENSÉS. MAIS DERRIÈRE LES TERMINAUX, LA RÉSISTANCE S'ORGANISE.
Avenir radieux
Nous voici plongés dans le futur proche de l’Europe. Une Europe devenue USE (United States of Europe) où les nations ont été supprimées, où triomphe la nouvelle démocratie sponsorisée par les entreprises bénéficiaires. L’internet est devenu un outil de surveillance, on détruit les livres physiques et on réécrit l’histoire : par exemple la Grande-Bretagne est stigmatisée pour avoir résisté à l’Axe durant la seconde guerre mondiale, retardant l’unification européenne (et provoquant la shoah au passage ?). Les centres-villes voient de bons et fiers européens parlant la langue commune (qui est l’anglais, chut) et profitant de tous les avantages, y compris des prostituées (souvent d’origine étrangère). C’est ainsi que Rupert Ronsberger vit, futur contrôleur, loin du peuple. Il rêve de ressembler au contrôleur Starski. Ce dernier, au fond de lui, garde précieusement le souvenir du seul être humain qu’il ait aimé, l’anglaise Belle, qu’il a quitté pour le bénéfice de sa carrière. Et chaque fois qu’il vient en Angleterre, il passe près de chez elle, la guette… L’Angleterre qui résiste à l’USE : un germe d’espoir ?
Une dystopie dérangeante et passionnante
On peut lire Anarchy In The USE à plusieurs niveaux. C’est d’abord une déclaration d’amour de l’auteur, John King, connu pour Football Factory ou Skinheads, des déclarations d’amour à la culture populaire britannique, celle des punks, des skins et des hooligans. On peut y voir également une fable anti-union européenne, pratiquement un tract pro-brexit qui peut agacer quand on connaît les difficultés actuelles de la Grande-Bretagne. Mais c’est aussi, surtout même, la description d’un totalitarisme et d’une novlangue descendant en droite ligne du 1984 de George Orwell (on ne redira jamais assez combien cet homme fut un visionnaire). C’est donc un roman très fort, qui manque toutefois de subtilité. Pour autant, une réussite.
Sylvain Bonnet