Zinnia, 21 ans aujourd’hui, a une maladie du sang incurable. Pour le dernier anniversaire de sa vie, elle va faire mentir les prédictions de la médecine, traverser le temps et montrer que rien n’est jamais écrit.
Ce soir, sa vie bascule et croise le destin des « Belles endormies ».
Et si les contes nous apprenaient tout de travers ? Et si les maléfices étaient en réalité des protections ?
Une réinvention passionnante, subversive et féministe de la Belle au bois dormant, où le destin ne fait pas le poids face au courage, à la solidarité, à l’entêtement et à une bonne connaissance pratique des contes de fées. Parce que chacun d’entre nous est toujours libre de faire le bon choix.
Paru en avril dernier dans la collection « Le Rayon imaginaire » chez Hachette, Éclats dormants est le premier volume des Contes fracturés d’Alix E. Harrow.
Âgée de 21 ans, Zinnia est atteinte d’une maladie du sang incurable qui la prédestine à mourir d’ici quelques mois. Alors qu’elle fête son dernier anniversaire avec sa meilleure amie, elle fait un bon dans l’espace-temps et croise le chemin de la princesse Primerose de Perceforest, une belle endormie.
Éclats dormants est avant tout une réinvention du conte de La Belle au bois dormant. Cette réécriture est originale et féministe, portée par des femmes à la fois attachantes et fortes, mais aussi incisive et brute. L’autrice nous dévoile une plume sarcastique et percutante à travers l’histoire de Zinnia pour aborder des thèmes actuels comme la mort, la maladie, la place des femmes dans la société, la sororité ou encore la morale douteuse des anciens contes. Pour autant, l’aventure de la jeune femme comporte un côté fun, un peu rock’n’roll, qui déjoue les statistiques et qui contrebalance avec plaisir les sujets difficiles du récit.
Nous retrouvons également des éléments du conte au fil des pages pour ensuite comprendre que les malédictions n’en sont peut-être pas. La méchante sorcière, figure antagoniste récurrente, serait en réalité le fruit d’événements tragiques vécus auparavant. Celle-ci souhaiterait qu’Aurore et toutes ces belles endormies ne subissent pas son malheur, parce que oui, les contes, sous couvert de nous montrer le merveilleux, cachent une réalité bien plus sombre ; une critique à peine voilée des contes et des modèles désuets prônés.
La Belle au bois dormant, c’était mon histoire de merde embellie, sublimée, mythifiée.
Une princesse maudite à la naissance. Un sommeil sans fin.
Une mourante qui refuse de mourir.
Le seul bémol du récit se trouve dans sa construction qui, par moment, apparaît fracturé et haché : on en ressort avec un goût de trop peu et une impression de manque de liant entre certains événements. Compte tenu de la brièveté de l'ouvrage, tout se passe très vite, mais cela reste toutefois une très belle adaptation, une ode à la liberté et à la reprise en main de son destin portée par une plume charmante, tout cela dans un écrin soigné. Le deuxième tome à paraître à l’automne 2023 promet une nouvelle réécriture tout aussi mordante et passionnante.